[Taille Tallgott] Heilwig pleure de se voir si laide en son miroir...

[[MJ] The Puppet Master]

Le gros bonhomme cligna plusieurs fois des yeux, cherchant à distinguer au mieux son interlocuteur. Un petit bout de sa langue rose était visible entre ses dents, comme s'il avait été interrompu au milieu d'une intense concentration et n'avait pas encore pris conscience de son état. Il se racla la gorge et un bruissement de bouche accompagna sa mise à l'aise pour continuer la conversation. Il s'appuya alors lourdement au dossier de la petite chaise de bois qu'il occupait, tentant de se faire aussi important que possible. Après quelques secondes, il répliqua d'une voix grasseyante :

- Taille Tallgott... Ton père ne t'a-t-il pas enseigné qu'il était inconvenant d'interrompre quelqu'un au milieu de son travail ? Ses clignements d'yeux persistants tenaient, finalement, plus d'un tic que d'un réel besoin de discerner quoi que ce fut de précis. Cette bonne dame a requis mes services et vous nous importunez, alors que nous n'avons pas terminé, vous en conviendrez n'est-ce pas, Ludwina ?

Il venait de prendre à témoin la femme assise en face de lui ; Ludwina Hälder, une villageoise d'un certain âge, deux fois veuve et détentrice, de ce fait, de quelques propriétés foncières fort avantageuses. Elle toisa Tallgott d'un regard noir et réprobateur, les lèvres pincées et acquiesça d'un hochement de tête.

Test de Danneberg sous CHA - détermination de Taille et ses acolytes >> 3 (réussite)

Malgré la situation et l'affaire qui l'amenait, le bâtisseur comprit qu'il serait malvenu d'obliger Thilo Danneberg à cesser son activité ; cela risquait, en effet, de lui offrir un prétexte propice à un esclandre qui ne ferait qu'empirer les choses et attirer l'attention inutilement sur Taille et le vieil ermite.
Ainsi donc, ils durent patienter quelques instants, le temps pour l'écrivain public de mener sa tâche à son terme. Le père Stamm fulminait et rongeait son frein, ce qui ne manqua pas d'inquiéter Taille qui redoutait le moment où le prêtre allait sortir de sa boîte. Alors, immédiatement après que la vieille Hälder fut sortie sans desserrer ses lèvres pincées, le jeune homme revint à la charge.

- Jeune homme, tu parles en des termes et sur des sujets que je ne suis pas sûr de comprendre. Auriez-vous, par hasard bien sûr, tous les trois, quelque chose à me reprocher ? Parlez sans détour car vous effrayez ma clientèle, répondit alors Thilo Danneberg.

[Taille Tallgott]

Le plus étonnant était le fait que le père Stam avait retenu son courroux, Rudolf aussi n'avait pas ouvert la bouche lui qui avait pourtant la joyeuse habitude de lancer de petites boutades a la moindre occasion, pour l'occasion se montrait bien silencieux.
Les deux anciens avaient pour une fois réussi à se montrer patients, la situation en était presque troublante pour le jeune Bâtisseur qui ne s'était pas attendu a ce que ses acolytes le laisse interroger l'écrivain publique, sans au moins y ajouter leurs petits grains de sel.

L'homme qui faisait face à Taille ne lui plaisais vraiment pas, non ce n'était pas le type de personne avec qui le jeune bâtisseur aimait discuter.
Autant sa profession ne lui plaisait pas car c'était entre autre, une personne qui donnait ou non droit a des terres, a des propriétés et cætera, selon ce que la personne en face de lui avais dans sa bourse, alors que ses Terres appartenaient a Taal. Autant le fait que Thilo soit lettré et qu'il écrive a la place des autres dérangeait Tallgott dans une moindre mesure, il fallait bien dire que c'est une profession qui pousse au vice et a la sournoiserie , chose que le Bâtisseur exécrait.
Même physiquement le gros Thilo dérangeait le servant de Taal, ses doigts graisseux et boudinées qui s'enroulaient autours de sa plume rendait mal à l'aise le Taalite. A vrai dire la nudité et la franchise de anachorète le m'était moins dans l'embarras.

- Allons, Herr Danneberg, a Kastof il n'y a pas de nombreuses jouvencelle touchée par des malédictions les rendant atrocement laides...

Taille laissât un geler temps mort afin d'analyser cette fois la réaction de l'écrivain publique, avant de poursuivre.

- Hans nous a tout avouer a l'instant, selon ses dires la malédiction qui touche Heilwig est de votre fait. selon lui c'est pour lui donner une leçon pour l'avoir éconduit, Hans voulait se venger et l'idée de la malédiction était votre idée de plus vous aviez déjà tout prévu.

- Je vous croyais un peu plus éclairée Herr Danneberg. je ne viens pas en ennemis a moins que vous m'en donniez l'affirmation, je viens vous demander comment vous vous y êtes pris pour lancer cette malédiction et comment l’arrêter.. a moins que vous préférez être confronter au jugement de Sigmar... - Cette histoire a assez durée...

- Par Taal il est temps d'en finir, a vous d'en choisir le dénouement.

Taille toujours sur le qui-vive, fixait l'homme grassouillet d'un regard sévère, mais non dénuder d'humanité.
Jusqu’à preuve du contraire l'écrivain public n'était rien d'autre q'un sot qui avait jouer avec des choses qu'il n'aurait pas du.

[[MJ] The Puppet Master]

- Je vois, je vois. Je vois ce que c'est... reprit Thilo Danneberg en croisant les mains sur son ventre. Il eut d'abord un air faussement grave puis un petit sourire en coin vint se dessiner sur ses lèvres. Ce qui arrive à la petite Heilwig n'est que justice, si vous voulez mon avis ; c'est une pimbêche prétentieuse qui joue les saintes-nitouches ! Cette leçon lui apprendra peut-être la vie. Pour autant, au risque de vous décevoir, je n'y suis absolument pour rien. Je ne vois pas bien, d'ailleurs, comment j'aurais pu m'y prendre, et ce n'est pas parce qu'un jeune sot lance mon nom, sans raison, que, de suite, vous devez accourir et me faire porter le chapeau.

Jet de dé caché...

Quelque chose dérangeait le bâtisseur. Il n'aurait su dire quoi mais il était loin d'être convaincu de la totale innocence à laquelle l'écrivain public tentait de les faire croire. Peut-être y avait-il un fond de vérité dans ce qu'il racontait mais, à mesure que Taille l'écoutait, ça conviction se faisait plus forte et il n'en démordait pas : cet homme était lié de près ou de loin à toute cette histoire. Il allait poursuivre l'interrogatoire quand le père Stamm entra en scène :

- Thilo Danneberg ! Le représentant de Sigmar que je suis te somme de dire la vérité car le châtiment sera à la hauteur de ta défiance envers lui si tu persistes dans ton erreur. Il a fallu user de magie illégale pour ensorceler Heilwig et ceux qui en sont à l'origine auront à répondre de leurs actes devant Sigmar ! Si l'on continue à cacher la vérité, je n'aurai d'autre choix que d'en appeler à un répurgateur...

La menace était lourde ; les répurgateurs ne faisant que rarement dans la dentelle et la demi-mesure. La venue de l'un d'eux pour régler cette affaire risquait de créer bien plus de mal que de bien et, peut-être, Kastof en serait marqué pour longtemps.

[Taille Tallgott]

- Maudit sac à gras ! Le gros lard mentait, Taille en avait la certitude. Mais comment lui faire cracher le morceau ?... Si le bâtisseur en avait les moyens, il lui aurait bien préparé une drogue quelconque pour le mettre à table, seulement il n'en avait pas encore les compétences.
Aussi Taille n'avait aucun doute sur le fait que cette barrique serait le premier à quitter le village si un répurgateur débarquait avec sa suite de dégénéré.

- Vous voulez vraiment en arriver là ? Ce serait mauvais pour votre clientèle ? Non ?

- Quoi que vous fassiez, tôt ou tard, il va falloir vous mettre à table Herr Danneberg. Hans est peut être un sot mais ça m'étonnerai qu'il ai lancé votre nom sans raison.

- Se sera l’ultime bienveillance que je vous apporterait Thilo, soit vous me dites ce que je veux, c'est à dire mettre fin au calvaire d'Heilwig et on en reste là, ce qui n'est pas compliquer on est d'accord ? Vous pouvez aussi me l'écrire car je sais lire. dit t'il d'un air complice
- Soit vous continuer à me prendre pour un benêt et là ce ne serait plus mes affaires et la seule chose que je ferais c'est de vous garder bien au chaud en attendant la venue du détraquer qui viendra vous faire cracher le morceau.

Taille ne savait pas trop comment s'y prendre pour délié la langue du notaire, celui ci n'avait peut être pas encore comprit que le bâtisseur ne voulait pas lui faire de mal, tout du moins pour l'instant... Peut être était t'il plus avisé d'en rester là pour le moment et revenir sans la présence du Sigmarite ou bien monter un plan avec l'ermite pour le droguer et ainsi obtenir les informations nécessaires, pour l'heure Hans n'avait pas encore répondu aux menaces du prêtre et peut être que l’insistance du bâtisseur avait fait son petit effet.

[[MJ] The Puppet Master]

Test d'intimidation sous CHA (9) >> 1 (coup de maître !)

Fusse à cause de l'évocation des répurgateurs par le père Stamm ou des menaces à peine voilée du bâtisseur, on vit rapidement le visage rougeaud de Thilo Danneberg perdre toute sa couleur pour virer au blême. Son front laissa apparaître les premiers signes d'inquiétude et quelques gouttes de sueur perlèrent doucement sur ses tempes. L'écrivain public déglutit péniblement tandis que ses petits yeux de myope qui cherchaient une lueur d'empathie dans le regard de ses interlocuteurs ne trouvaient que dureté et réprobation.

- J-je... Ce n'est pas ce que vous croyez. Non, non, non, non, non. Il se leva en agitant les mains pour accentuer la force de ses dires. Père Stamm, je... je ju-jure que j'ai ja-jamais f-fait de magie noire. Petit rire stressé. Je... J'ai... D-dans ma... Dans ma... cave, j-j-j-j'ai bien un ou d-deux composants plus ou moins... Nouvelle déglutition angoissée. ...m-magiques m-mais... m-m-mais j-je m'en suis jamais s-servi. Enfin... pas s-souvent.

Les hésitations, les errements et les incohérences de Thilo Danneberg faisaient peine à entendre. Comment espérait-il encore s'en sortir alors qu'à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, les mots qu'il prononçait ne faisait que confirmer son implication, et même sa culpabilité, dans les malheurs de la pauvre Heilwig ? Pourtant, le menton tremblant et l’œil humide, il continuait à s'embourber dans des tentatives d'explication. Heureusement pour lui, depuis que la veuve Hälder était sortie quelques instants plus tôt, il n'y avait personne dans la salle commune pour voir la déchéance de cet homme jusqu'ici respecté.

- Suffit, mon gars. T'enfonce pas davantage, tu risquerais de dire un truc de trop et Sigmar serait fâché pour de bon... intervint gentiment l'ermite en volant à son secours. Il était d'ailleurs étrange de constater à quel point, pour quelqu'un qui se voulait détaché de toute civilisation, Rudolf faisait preuve d'une empathie aussi peu commune. Montre-nous ton bric-à-brac, le père Stamm confisquera tes ingrédients, tu feras pénitence et des excuses à la famille de la demoiselle et on sera quitte...
- Ca suffit ! hurla Wolfram Stamm plus rouge qu'une pivoine et tremblant de colère. Vous n'êtes pas chez vous, ici ! J'en ai plus qu'assez de vous voir intervenir à tort et à travers sur mes ouailles ! Il me revient à moi, et à moi seul, au nom de Sigmar de décider ce qui est juste ou non les concernant ! Un mot de plus, vieux fou, et je fais édifier un bûcher sur l'heure rien que pour vous !
- Oh, t'en fais pas mon p'tit père, je serai plus là depuis longtemps avant que t'aies bougé le petit doigt et ta vengeance sigmarite tu pourras te la carrer bien profond où je pense ! s'emporta à son tour l'ermite. Non mais c'est quoi ces manières de vouloir sans arrêt brûler son prochain à la moindre incartade, hein !? Si c'est là la loi de Sigmar, et bien il est aussi con que toi, pisse-vinaigre ! Et faudra pas s'étonner si c'est toi le prochain à monter sur un bûcher !

Les yeux exorbités, les épaules et les mains crispées, le père Stamm cherchait une répartie pour extérioriser sa fureur mais semblait tellement courroucé qu'aucun mot ne parvenait à franchir la barrière de ses lèvres tremblantes. Tels deux coqs prêts à se voler dans les plumes, les deux « sages » se tenaient presque tête à tête ; seul Taille Tallgott faisait office d'empêchement à l'explosion qui couvait.

De son côté, Thilo Danneberg regardait tout ça interloqué en tentant de se montrer le moins possible ; des fois qu'il lui fut encore possible, grâce à cette diversion inespérée, de passer entre les gouttes sans se faire mouiller...

[Taille Tallgott]

Ce qui devait arriver arriva, les plaisanteries de l'anachorète ne plaisait pas du tout au Sigmarite, Taille aurait pourtant pensé que ses vieux compères se tiendraient à carreau jusqu'au dénouement de l'histoire, mais cela aurait été trop beau.

- Allons messieurs un peu de calme ! Vous avez passés l'âge des chamailleries ! On a une affaire plus importante à régler. Le bâtisseur n'en menait pas largue, il se tenait fébrilement entre ses deux aînées prêt à en découdre.

- Vous pourriez former une bonne équipe si vous mettiez un peu de côté votre rivalité, Car à mon humble avis vous avez tout deux raisons.

- On a notre coupable et certes il doit être juger, cependant à première vue ce n'est qu'un pleutre, qui joue à des choses dont-il ne connait rien. Même si cela reste à prouver. Et non Rudolf, je ne le laisserai pas fuir avant d'en savoir plus sur ce qu'il possède dans sa cave.

- Je vous propose une chose, on travaille ensemble pour le salut d'Heillwig, ou alors je vous laisse continuer vos chamailleries et je m'occupe personnellement d'Herr Danneberg comme je lui ai promis, son châtiment sera à la hauteur de ses méfaits. Malgré tout le respect que je vous dois, j'avoue qu'il y a beaucoup mieux que le bûcher Père Stam...

Taille jouait un peu avec la chance car s'il était arrivé à faire plié le notaire l'instant d'avant, il doutait que ses ancêtres lui obéiraient aussi facilement, mais que pouvait-il faire d'autre ? Il ne pouvait prendre le parti d'aucun des deux augures, pourtant sa foi en Taal n'était pas ébranlé.

[[MJ] The Puppet Master]

Test sous CHA (9) >> 12 (échec)

Oui, Taille avait vu juste. Autant son intervention avait porté ses fruits face à Thilo Danneberg, autant le père Stamm et, dans une moindre mesure, l'ermite ne se laissèrent pas fermer le clapet aussi aisément.

- Bah ! Faites ce que vous voulez. Après tout, ça vous regarde. C'est votre village et vos amis. Pour ma part, je retourne dans la forêt à l'instant où tout ça se termine et que la petiote ne court plus de danger. Le reste... Rudolf ponctua son intervention d'un vague geste de la main signifiant qu'il ne se sentirait pas plus concerné que ça.
- Vous voilà enfin devenu raisonnable... lâcha le prêtre sigmarite, la poitrine gonflée d'orgueil et la mine réjouie. Quant à toi, Il s'était tourné vers l'écrivain public avec les sourcils froncés et les dents serrées, tu seras jugé devant Sigmar pour tes agissements impies. Ni le jeune Tallgott, ni moi ne te laisserons t'en tirer à bon compte.

Rudolf haussa les épaules avec dédain mais n'ajouta rien. Il se contenta de poser un regard triste sur le bâtisseur puis inspira profondément en hochant la tête.

---

Traînant ses pieds dans la poussière, trébuchant et reniflant comme un enfant qui sait qu'il va se faire houspiller pour sa bêtise, Thilo Danneberg avait perdu de sa superbe au point de déconcerter ceux des villageois de Kastof qu'il croisait. De temps à autre, il jetait un coup d’œil perdu au-dessus de son épaule, espérant sans y trop croire que les trois hommes ne le pousseraient pas à aller jusqu'au bout et lui laisseraient une porte de sortie, certes pitoyable mais, de son point de vue, largement préférable à l'humiliation publique qui ne tarderait pas à s'abattre sur lui quand la vérité serait connue de tous. A plusieurs reprises, on vit sa bouche s'ouvrir mais il se ravisa et n'osa pas prononcer des mots qu'il savait déjà regretter au moment où les idées traversaient son esprit. Arrivé devant la porte de sa modeste demeure - modeste était le mot qu'il avait employé pour minimiser l'aisance, sinon l'opulence, dont il jouissait de par ses fonctions et le trésor pécuniaire qu'il avait amassé avec le temps mais il était évident qu'il possédait bien plus que la très grande majorité des habitants du petit village middenlander - l'écrivain public hésita mais, sentant la pression silencieuse que faisait peser sur ses épaules le regard noir de Wolfram Stamm, il soupira et entra. L'antichambre n'était pas grande mais existait faisant de cette demeure la seule du village à en avoir une. De là, un escalier plutôt raide montait tout droit à l'étage, deux portes s'ouvraient de part et d'autre sur les pièces du rez-de-chaussée et une troisième, placée sous l'escalier donnait accès au « laboratoire » de Thilo Danneberg.

- C'est par là... invita-t-il le père Stamm, Taille Tallgott et l'ermite en désignant une volée de marches en pierre qui s'enfonçait dans le sous-bassement.

En bas, il y avait une table de bois couverte de rouleaux de papier, de bouteilles d'encre noire ou rouge, de plumes d'oie et d'un petit couteau. Un petit meuble de trois étagères accueillait une douzaine de livres à couverture de cuir et étiquetés. Rien de bien méchant au regard de la profession exercée par Thilo Danneberg. Puis, ce dernier gratta une allumette et alluma une première bougie puis une seconde et, enfin, une lampe à huile. A la lumière tremblante des petites flammes, on pouvait voir, dans un coin sombre, un épais rideau. L'écrivain public s'avança, l'écarta du bras et s'engouffra derrière, un bougeoir à la main, suivi par le père Stamm en tête. Ce que dissimulait le rideau était d'un tout autre acabit : cyanure, champignons bonnet-de-fou, différentes herbes, quelques bocaux remplis d'insectes divers, un alambic, de nombreuses fioles - la plupart vides- et... une mèche de cheveux en partie consumée.

- Tout est là... ponctua Thilo Danneberg, les épaules tombantes et les yeux fixés au sol.

[Taille Tallgott]

— Le bien-être d’Heilwig étant le plus important nous sommes d’accord messieurs…

Les deux hommes de foi avaient enfin mis de côté leurs différents pour continuer leur mission et Rudolf avait justement prouvé la supériorité de Taal. L’anachorète avait tout simplement laissé la liberté nécessaire au bon fonctionnement du culte Sigmarite, car aux yeux du novice le vieil ermite avait seulement cédé au caprice d’une jeune divinité.

La demeure du notaire était effectivement riche par rapport aux autres bâtisses du village, mais elle n’avait rien non plus de magnifique aux yeux du bâtisseur puis il fallait dire qu’il n’était pas ici pour admirer l’architecture du lieu, après une courte visite le groupe avait enfin atteint le site où tout avait commencé, aux yeux du constructeur rien de chaotique ne se trouvait sur cet établi.

— À mon sens rien de plus que des remèdes de grand-mère… ? Tu peux m’éclairer Rudolf avant que tout ce matériel ne disparaisse dans les flammes ? Plaisanta Taille pour essayer de détendre l’atmosphère.

— Où avez vous bien pu apprendre à lancer une telle malédiction Herr Danneberg ? Puis voyez ce quelle vous apporte on dirait une mauvaise blague d’adolescent, sérieusement venant d’un homme comme vous… vous décevez la communauté…

Tallgott essayait de prendre l'affaire avec légèreté, afin de laisser une chance au notaire face a une telle situation, car même si le prêtre Sigmarite n'était un tendre le sort du pleutre n'était pas encore scellé.
Taille invita ensuite Rudolf à lui montrer les choses intéressantes qui était disposé dans l’antichambre.
Mais avant tout, il essaya de s’assurer que le vieux Sigmarite ne les dérange pas dans leurs investigations.
Il s’adressa au père Stam.

— Si vous me faites confiance père Stam, j’aimerais étudier ce qu’il se trouve dans cette pièce avec mon ami sans que vous vous fassiez la guerre, il en va du salut de ma douce conscrite.

Si d’autres soucis ne se posaient, le jeune Tallgott en profiterait pour farfouiller dans tous ses ingrédients dont bons nombres lui était inconnus.

— Tiens cet alambic me plaît bien, dommage que son ancien propriétaire s’en soit servis pour faire le mal… tu imagines se que je pourrais faire avec toutes les prunes qu’il y aura sur les arbres ?

Malgré l’entrain que le jeune bâtisseur laissait paraître, il restait conscient que les ingrédients disposés dans cette pièce pouvaient être potentiellement dangereux, il se défendit aussi de toucher la mèche de cheveux qui semblait être la pièce maîtresse de la découverte.

[[MJ] The Puppet Master]

D'une main tremblante, Thilo Danneberg tendit à Taille un paquet enroulé dans un linge brun. Lorsque le bâtisseur ôta le linge, il découvrit un manuscrit relié de cuir.

- Tout est là... On m'a donné ça en paiement, y a quelques temps. Je ne voulais pas vraiment m'en servir... j'avais peur. Et puis, petit à petit, ça a été comme si que le bouquin m'appelait. J'en rêvais la nuit, je passais des heures à le regarder sans le toucher. Mais plus j'essayais de pas m'en occuper et plus, dans ma tête, je savais que je pourrais pas faire autrement que de l'ouvrir un jour ou l'autre... mais j'avais peur. J'avais peur de ce que j'allais trouver. Et j'avais raison... Si tu savais toute la connaissance et la puissance contenues dans cet ouvrage, tu en pleurerais comme j'en ai pleuré... J'ai souffert d'avoir ce livre mais j'ai encore plus souffert d'essayer de m'en séparer. J'ai prié Sigmar de faire quelque chose mais il m'a laissé seul face à ce... mal. Alors j'ai cédé... Oh oui, j'ai cédé. Sigmar a montré qu'il ne souciait pas de moi alors j'ai cédé car l'ouvrage me promettait tellement de choses.
- Avouer soulagera ta conscience mais accuser Sigmar pour justifier tes agissements ne fera qu'empirer les choses, Thilo Danneberg, intervint le père Stamm non sans un éclair de malice dans les yeux. Il se tourna ensuite vers Taille et l'ermite. Je pense que cette histoire est terminée. Nous avons les aveux des coupables et Heilwig se porte mieux. Je crois que vous n'avez plus rien à faire ici...

Sans rien dire, le vieux Rudolf esquissa un sourire et quitta la petite cave où il estimait également ne plus avoir rien à faire. Il avait été clair sur ce qu'il adviendrait lorsque tout serait terminé et le père Stamm avait raison : tout était effectivement terminé maintenant.

Tu peux faire un post de conclusion si tu le souhaites mais il n'y aura plus de rebondissements. Tu as bouclé ce scénario. Je fais le récapitulatif de tes gains bientôt.

[Taille Tallgott]

Le bâtisseur reposa le livre brusquement et quitta la pièce sans un mot. Inutile de regarder en arrière. À présent plus rien ne le retenait ici.
Il traversa la maison du notaire d’un pas lourd. Arrivé au bas de la résidence, prêt à sortir dans l’allée, il prit une grande inspiration et ouvrit la porte avec une main décidée.
Il marcha longuement, pensif. Le grand air lui faisait du bien. Il se sentait se redresser, retrouver une démarche plus légère, plus alerte.
Il s’arrêta devant un vitrage, regarda son reflet, scruta son visage pour guetter quelque chose de nouveau. Il lui sembla qu’il n’avait pas changé.

Il repartit, et décida de continuer à vivre comme avant sa vie de tous les jours. Il s’attabla à la terrasse de la brasserie du coin, commanda un bock, attendit.
Quelques instants plus tard, il gobichonnait sa bière en contemplant le hameau. Quelle heure était-il ? En temps normal, il aurait été temps de bosser. Après tout, c’était ce qu’il avait de mieux à faire, s’occuper, ne pas trop réfléchir, avancer.
Il se rendit au travail, comme si de rien n’était. Dit bonjour à ses collègues, enleva sa veste et se mit a la tâche. Il se forçait à paraître comme tous les jours, et trouvait qu’il s’en sortait plutôt bien. Il se découvrait des dons de comédien, à jouer un rôle qu’il connaissait par cœur, le lui-même d’avant en surface, car il demeurait pour toujours différent à l’intérieur.
Tallgott eut le plaisir de retrouver une partie de sa famille particulièrement ses frères pour leur raconter les quelques péripéties qu’il venait de vivre ses derniers temps. Un rapport détaillé sur la préservation de la beauté d’Heilwig, perle du village.

Le soir, il voulut rentrer chez lui, ou encore visiter la jeune femme bénie par Rhya mais se ravisa. Il ressentait une grande solitude. Dire que ce matin-là, il apparaissait encore libre… Et maintenant, un abîme inconnu s’ouvrait devant lui, un trou de silence comme un gouffre. Il vivait sur un fil, une corde raide.
Le bâtisseur s’assit sur un rocher, resta les yeux hagards, rivés sur la forêt qui entourait le hameau de Kastof, mais ne voyait rien.
Rudolf était parti et Stam préparait sûrement les réjouissances pour l’exécution du notaire.
Il avait eu des doutes, et puis des preuves. Il s’était rendu chez lui, et l’avait mis devant les faits, face au mur implacable de la vérité. Alors il avait avoué sa félonie. Il s’était écroulé, il était devenu fou.

Le Bâtisseur s’endormit assis en tailleur sur son rocher.
Le lendemain à l’aube, malgré une légère gueule de bois, il se força à retrouver une contenance, il prit une douche froide dans le cours d’eau qui sillonnait le hameau.
Un sourire amer traversa son visage, les alentours boisés du village, les résidences de Taal et Rhya semblaient tellement plus séduisantes.