[Armand de Lyrie] Noblesse oblige

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

La première réaction de Margot à la question d'Armand fut la méfiance. Ca se voyait à la façon dont elle serrait les mâchoires, au regard inquiet qu'elle lui jeta, aux crispations incontrôlables de ses doigts sur le manche de son bâton de marche. On aurait dit une bête acculée qui jaugeait son prédateur. Comme si Armand jouait avec sa proie, et qu'elle tentait d'évaluer ses chances de survivre suite à un caprice favorable.
Mais la sincérité d'Armand, sa réelle inquiétude pour elle et non plus pour son pays, semblèrent trouver un écho dans l'attitude de la jeune femme. Après quelques secondes à le scruter, les muscles de Margot se détendirent, comme si malgré les risques, elle faisait le choix de baisser sa garde. De faire confiance, même s'il lui en coûtait.
Elle resta impassible face aux pleurs du jeune homme. Elle ne rompit pas la distance qui les séparait. Au contraire, elle se retourna lentement à son tour, pour présenter son dos à Armand.

- On ne s'était pas vu pendant cinq ans. Tu n'avais aucune raison de penser à moi alors que tout te poussait à fuir le plus loin possible de Lyrie et de Ternant. Tes parents voulaient t'introduire au culte par la méthode douce. Je n'ai pas eu... cette chance.

Puis, lentement, elle fit glisser sa bure grise le long de ses épaules, le vêtement descendant jusqu'à son bassin, découvrant son dos nu.

Ce que vit Armand était innommable. Une marque suintant le mal à l'état pur. Pas seulement un symbole gravé au couteau dans sa peau comme certains cultistes pouvaient se l'infliger, mais la chair elle-même de la jeune femme qui s'était déformée pour créer cette abomination d'une vingtaine de centimètres, en plein milieu de son dos. La chose bougeait, la chair remuait et frissonnait au rythme de ses battements cardiaques, dansant hypnotiquement sous les yeux du chevalier.
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Test de mental d'Armand : 20, échec critique. Oh bon sang. Armand trouve ça joli. Attirant. Désirable. Tu es libre de choisir à quel niveau de conscience - s'il sait qu'il ne devrait PAS trouver ça beau, ou s'il ne s'en rend même pas compte.
Margot ne laissa pas longtemps Armand profiter de cet insidieux spectacle, remontant sa robe jusqu'à sa nuque. Mais elle n'osa pas se retourner. Elle n'osa pas croiser le regard de son ami.

- Quoique tu aies fait pendant ces cinq années, j'ai commis bien pire. Mais lorsque tu as trahi les tiens, que tu as donné le nom de tous ceux que tu soupçonnais d'appartenir au culte... le duc Armand manquait de preuves. Tu as été naïf. Les rivalités politiques étaient trop fortes, et trop de chevaliers que tu as accusé appartenaient à la famille Elbiq. Ils savaient qu'un pareil scandale les déstabiliserait, et que la famille Maisne en profiterait. Alors toute noblesse a disparu - ils ont protégé ceux que tu accusais. Des seigneurs bretonniens ont protégé des cultistes pour des jeux de pouvoir. Sans doutes se sont-ils convaincus eux-même que le jeune Armand de Lyrie était un menteur, manipulé par la famille Maisne pour les faire tomber.

Margot se retourna lentement. Sa voix prenait de l'aplomb au fur et à mesure de ses paroles, mais elle ne croisait toujours pas les yeux bleus de son ami d'enfance.

- C'est moi qui ai fourni le témoignage et les preuves qui manquaient au Duc. La fille de dame Loyse, la magus responsable de la cellule d'Aquitanie. C'est pour cela que j'ai été graciée, malgré cette... chose, sur mon dos. J'ai trouvé refuge ici, chez les sœurs de Shallya dans un village de hors-la-loi, le seul qui veuille bien de ce que je suis devenue. Les bénédictions de dame Alys me protègent partiellement de l'influence du Corrupteur. Ce n'est pas pour ma jambe que je réside ici Armand : j'ai fait vœu de pénitence, et j'aide les prêtresses de mon mieux. Fuir le passé. Tenter de racheter mes fautes en secourant mon prochain. Même si je sais que c'est vain. Aucune bonne action n'effacera ce que j'ai fait. Jamais.

Quelqu'un toqua à la porte de la chapelle à cet instant précis, comme si la personne à l'extérieur avait attendu que Margot termine sa phrase pour oser se manifester.

- Armand, Margot, entendirent-ils chuchoter de l'autre côté de la porte. Carlomax est arrivé, il attend Armand à la sortie du temple.


Je me suis rendue compte que la grande prêtresse Alys avait un nom trop ressemblant à celui de la mère de Margot - j'ai donc changé le prénom de cette dernière pour Loyse.

Jets du tour :

Jet de charisme d'Armand : 7, réussi de 3.
Jet de charisme d'Armand : 4, réussi de 6.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Les larmes coulaient le long de mon nez. Mes jambes se flageolaient. Mon âme s’adonnait au spleen, à une profonde mélancolie qui m’atterrait. Je n’aime pas parler de mon passé. Je n’aime pas que les souvenirs de mon adolescence remontent. Je ne veux plus penser à tous les vices qu’on a commis sur moi, ou qu’on m’a fait commettre – vous les décrire serait douloureux, et me forcerait à fabriquer quelques euphémismes malvenus pour retranscrire ma mémoire sans me mettre à avoir la gorge étranglée et une panique qui s’empare de mon corps et de mon âme. Ophélie a raison. La gamine au visage marqué a parfaitement vu juste : j’ai des blessures qui ont du mal à cicatriser, mais elles sont bien camouflées sous l’enveloppe de ma peau et de ma chair. Des nausées et des sueurs froides qui viennent lorsque je repense aux attentions de ma propre mère.
Qu’est-ce qu’on a fait à Margot ? J’ai pleuré par anticipation. J’ai pleuré par imagination. J’ai commencé à verser des larmes et à entendre ma voix se serrer parce que je ne pouvais que redouter ce que ses parents lui avaient fait subir. Les brimades, les attouchements, les…
On était des gosses. C’est ça l’élément le plus terrible. J’y crois à l’innocence des enfants, ou, moins naïvement, je crois au fait que les parents devraient garder leurs enfants innocents, la société se chargera de les pervertir bien assez tôt, vous ne croyez pas ? Nous étions deux enfants, et nous avions envers nos parents, du moins c’était mon cas et je pense que c’était pareil pour elle, une obéissance et un amour indéfectible qui nous empêchait d’éprouver la moindre méfiance envers eux. Comment on peut se défendre, face à ça ? Comment on peut retirer les mains qui se baladent sur nos cuisses, les lèvres qui s’approchent de nos oreilles, les vêtements qui glissent sur nos peaux parsemées de chair de poule ? Pas de raisons de se débattre ou de hurler. C’est comme ça que les grandes personnes font.

Alors Margot se retourna. Et elle commença à se déshabiller, sous mon regard injecté de larmes. Mon cœur sauta une pulsation, il cessa de battre un instant, alors qu’elle se préparait, en mettant de côté la pudeur hypocrite de notre Bretonnie qui n’a jamais empêché ce que j’ai subi, à dévoiler l’ampleur monstrueuse de son supplice.

Et la Dame me pardonne. Et Shallya ait pitié de moi. Que Verena ne me juge pas trop durement. Que les bons époux Taal et Rhya ne me haïssent pas plus. Ranald, aussi, je t’invoque et te présente mes excuses pour les mots que je vais prononcer, c’est dire la profondeur de mon désarroi ; J’en appelle à tous les Dieux, et les Compagnons et tous les Saints de toutes les religions à ne pas se détourner de moi.

Parce qu’au moment où Margot a baissé sa robe, je n’ai pas tremblé. Je n’ai pas eu la nausée. Je n’ai pas eu envie de hurler de rage et de professer comme un prêcheur d’Ulric : « Honnissez le mutant ! ».

J’ai adoré.







Vous savez d’où il vient, ce mot, « adorer » ? Je crois que c’est du Classique, comme tous les bons mots, cette vieille langue de Tiléens que seuls les savants et les écoliers utilisent encore. J’ai de grosses grosses lacunes dans ce jargon savant, mais il me semble que le terme à la base est utilisé pour les Dieux, pour le respect et la déférence qu’on ne peut avoir qu’envers des divinités, envers des choses sacrées. Pour adorer, il faut avoir une expérience transcendante, véritablement écrasante. Le genre d’expérience qu’on ne vit que lorsqu’on découvre quelque chose de magnifique, de religieusement magnifique, car la religion a ce pouvoir bien particulier de pouvoir faire pression sur le corps en entrant dans votre âme. Eh bien, je me répète. En voyant la marque de Margot, j’ai adoré.

Mon cœur qui s’était arrêté par anticipation s’est soudain mit à galoper, à galoper avec une telle vigueur et une telle force que je pouvais le sentir pulser à l’intérieur même de mes tympans. Mes mains sont devenues moites. Mes jambes, loin de flageoler, se sont mises à se raffermir et à trembler. Et ma bouche, ma bouche salivait, alors qu’il y a un instant j’avais encore un peu soif, malgré le maigre verre d’eau offert par la vénérable sœur Alys.
Je vous avais dis, lors de mon périple dans les tumuli de Cuilleux, que j’étais déjà entré dans la Cathédrale de Château-Bastonne ? Saint-Gilles me pardonne. Saints Carléond, Folgar, Landouin et tous les autres me pardonnent. Je croyais que j’avais été touché par la Dame en entrant dans ce pieux édifice religieux ; En fait je feignais la piété, je me forçais à croire à un grand moment d’introspection dogmatique, parce que tous ceux qui étaient entrés dans la cathédrale de Bastonne étaient persuadés eux aussi d’avoir découvert une beauté pieuse qui tranquillisait leur âme à la vue des reliques et des vitraux représentant les scènes épiques de la vie du premier Roy. Les menteurs ! J’avais envie d’attraper un pèlerin du Graal par le col, de me saisir de ses cheveux, et de l’amener ici pour le faire avouer, à voix haute, que je n’étais pas fou, que je n’étais pas un inverti dévoyé, et que lui aussi il voyait sur le dos nu de Margot quelque chose de plus magnifique et saisissant que toutes les épées cassées, les calices et les pièces de harnois qu’on expose fièrement dans les cathédrales du Graal.

J’ai à nouveau envie de pleurer, mais plus par tristesse et anxiété, j’ai envie de pleurer parce que l’émotion est trop forte et des dizaines de pulsions m’envahissent. Des dizaines de pulsions m’envahissent, oui.

Pour l’amour de tous les Dieux ! La marque bouge !

J’ai du mal à la décrire. Parce que la décrire c’est se l’imaginer à nouveau, et rien n’est aussi beau que de la regarder, avec ses propres yeux. En refaire une image mentale, juste ensuite, c’est douloureux, c’est épuisant, ça vous ruine le moral, parce que vos propres yeux sont à peine suffisants pour découvrir toute la beauté parfaite de l’ensemble.
C’est une plaie béante, mais vivante. Au milieu se situe une escarre noire et nécrosée, et pourtant, rien n’est mort, toutes les chairs corrompues sont, je le sens, encore pulsantes de vie. On aurait dit un cancer, mais aucun cancer n’est aussi magnifique que ça. C’est un cancer qui danse, qui forme des lignes, des figures, et, peut-être est-ce moi qui suit complètement atteint, peut-être suis-je perdu, parce que je peux jurer que ce cancer ancré dans les tissus de Margot forment des… Des choses. Il serait parfait ce cancer, il serait magnifiquement parfait, si seulement il ne se trouvait pas entouré de chairs brûlées, de marques de flammes qui tentaient d'enlaidir l'ensemble.
Il est composé de paires d’yeux. Des visages qui... Des… Des organes. Des morceaux d’organes. Des…

Pour l’amour de tous les Dieux.

J’ai déjà vu ce symbole.

J’ai déjà vu cet espèce de croissant de lune, ce cercle couvert d’épines acérées, ces lames affûtées qui volent des deux côtés au-dessus du disque. Et au milieu de ce cancer, je vois des scènes et des mouvements lubriques. Non, pornographiques. Je jure que de l’escarre pourrie sortent des visages tirant des langues, et qu’ils sont dirigés vers les lames affûtées qui sont en fait parcourues de verges pulsatiles. Et la décomposition maladive de la chair forme des rétines, des pupilles, qui me regardent, droit vers moi. Et je jure, je jure sur mon honneur que j’ai vu des paupières cligner à mon intention.

Des dizaines de pulsions m’envahissent, et j’ai du mal à les retenir. Déjà, sans l’apercevoir, j’ai fais un léger pas en avant, et je me suis mis à craindre que les murs de la pieuse chapelle de Shallya ne réverbèrent le bruit de mon pas dans un écho qui aurait forcé Margot à se retourner, une idée qui suffit à m’électriser de trouille. Elle a remonté sa robe rapidement. Combien de temps j’ai regardé la marque ? Je pense même pas qu’elle ne m’a laissé la voir plus de cinq secondes. Mais lorsqu'elle a recouvert ces yeux qui m’appelaient en clignant, j’ai serré les dents. J’ai serré mes molaires entre elles, si fort, si fort que j’ai cru qu’elles allaient se déchausser, ou se fissurer à cause de la force que j’exerçais. Je dus serrer les poings et réprimer un hurlement, et la Shallya ait pitié, c’est une chance incroyable qu’à ce moment la pauvre Margot ne se soit pas retournée pour m’observer ; parce qu’avec la sueur qui dégoulinait de mon front et mon cœur qui battait la chamade, je ne pouvais que deviner que je devais avoir les pupilles dilatées et une apparence crispée qui l’aurait terrifiée.
Parce que mon corps était envahi d’une chaleur étouffante. Que je tremblais jusqu’au bout de mes phalanges. Et dans mes braies, je ressens la même vigueur que j’avais éprouvée lors du rêve – si c’était un rêve – de ma convalescence ; vous savez, celui où j’étais ligoté.

Salope. Salope allumeuse. Sale pute ! Comment peut-elle oser me montrer la marque et la cacher ensuite sous ses immondes haillons froissés de gueuse ?! Elle aurait dû ne jamais me la montrer, cette marque, parce qu’à présent j’avais envie de lui arracher ses vêtements par la rage de mes mains et la forcer à passer le restant de ses jours nue. Le restant de ses jours dans ce bled insurgé immonde, où elle recevait les attentions bien chaleureuses et appuyées de dizaines de paumés aux dents-qui-schlinguent, comme la chienne allumeuse qu’elle était ! J’ai levé mes mains en avant, et je ne me suis ravisé qu’en fermant mes poings si fort que j’en voyais les veines sous la fine pellicule de peau : L’espace d’un court instant, j’avais eu la pulsion malheureuse de lui attraper la nuque de ma droite, de lui tirer la robe de la gauche, et de la forcer à se dévêtir, par strangulation si c’était ainsi nécessaire.

J’écoutais à peine ses explications, peu importe à quel point elles étaient terrifiantes. J’encule le Duc Armand – Dieux me pardonnent, j’ai pensé ça d’un chevalier du Graal ! Mais c’était mon état d’esprit à cette seconde. J’emmerde les Elbiq qui vivent encore, et les Maisne qui ne valent pas mieux – ne pas s’agenouiller devant le Serpent c’est franchement un mauvais critère pour décider de la valeur d’une personne. J’en ai strictement rien à foutre de ce que Margot me raconte. J’exultais. Je tremblais. Je m’imaginais lui tirant les cheveux pour la coller à moi, pour lui exposer son cou que je pourrais saisir. J’avais envie de la griffer. J’avais envie de lui cracher dessus.
J’avais envie de la jeter sur le ventre contre le saint autel de Shallya pour voir la marque, et accompagner les lèvres de cartilage cancéreux dans leurs lèches. J’avais envie d’enfoncer mon visage dans l’escarre ténébreuse.

On toque à la porte. On chuchote. On nous espionne. Je reconnais la voix de cette garce d’Ophélie – Je n’ai jamais eu autant envie d’étrangler un enfant. Mon regard s’est plongé vers l’autel. Vers les quatre candélabres allumés dont les flammèches dansaient gentiment. Et je repensais au moment où, dans la grotte, les flammes de ma torche dansaient elles aussi, devant ce magnifique tableau dont le visage camouflé de la Dame me hantait encore.
Je fus pris d’un hoquet, je fermais immédiatement mes yeux, et deux énormes larmes m’éblouirent derrière mes paupières.

« Merci Ophélie, j’arrive tout de suite ! » je dis avec une voix pressée, encore excitée – que ce mot est juste, excitée – plus pour la faire fuir que pour véritablement la remercier de m’avoir prévenu de l’arrivée de cette raclure roturière de Carlomax. Et je me tournais vers Margot, avec un sourire tremblant, tremblant de l’émotion et des pulsions soudaines qui n’avaient pas encore disparues, et que je tentais maladroitement de camoufler.

Je m’approche d’elle. J’attrape ses mains, moi-même. Et je plonge mes yeux bleus dans les siens, toujours avec ce sourire tremblant. Et une phrase vient à mes lèvres. Ce qui me choque le plus, c’est à quel point les mots me viennent tous seuls, doux et rassurants. C’est anormal.
Ce n’est pas moi qui parle.
Dieux me pardonnent, ce n’est pas moi qui parle.
« Nous n’avons pas choisi notre passé, Margot. Nous étions des enfants, nous obéissions à nos parents, nous sommes innocents. Le monde entier te haïra, il redoutera ta marque, il te traitera avec hostilité et mépris. Ce monde de chevaliers-menteurs, qui valent à peine mieux que les pudiques-hypocrites.
Mais pas moi. Moi je sais ce que tu as vécu, que tu n’as pas véritablement consenti à ce qu’on t’as infligé. Moi je sais qu’il se cache quelqu’un de pur et de bon derrière cette cicatrice. »


Pas moi. Tous les autres mais pas moi. Ignore les paysans qui t’offrent des cadeaux Margot. Ces gueux qui veulent t’aider à marcher et t’accompagner. Eux ils te haïront, ils te brûleront au bûcher.
PAS MOI. SEULEMENT MOI.

« Prions Shallya ensemble, juste un instant ? »

Je la tire un petit peu et lui lâche la main avant de m’agenouiller humblement devant l’autel. Je lie les paumes de mes mains. Je regrette qu’Ophélie ait refusé de me donner une prière à réciter, pour plutôt me convaincre que c’est « avec mon cœur » que je dois prier. Parce que mon cœur, en cet instant, il n’arrêtait pas de battre à toute vitesse, au fond de mes putains d’oreilles, et il me disait de mordre et d'embrasser Margot jusqu'au suçon.
Je ferme les yeux. Et j’ai envie de prier.

J’espère de tout mon cœur que Margot va dire une prière à voix haute, que je pourrai accompagner. Parce que seule une Déesse peut vous aider dans des moments pareils.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 25 juin 2019, 22:40, modifié 1 fois.
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

A voir Armand trembler ainsi, Margot aurait pu le craindre. Elle aurait eu de légitimes raisons de le faire - elle avait pris un énorme risque en choisissant de montrer la marque qu'elle portait dans ses chairs. Nombreux seraient ceux qui hurleraient de terreur, de dégoût ou de colère face à pareil spectacle. D'autres faibles d'esprits pourraient au contraire succomber à ses insidieuses suggestions mentales, et se mettre à éprouver un désir malsain pour elle et sa porteuse. Seuls les esprits les plus forts pouvaient rester maîtres d'eux-mêmes face à une telle vision d'horreur.

Que vit-elle dans le regard d'Armand lorsqu'ils se fixèrent intensément, mains dans les mains ? Fut-elle dupe de sa tromperie, de ses véritables intentions ? Est-ce qu'elle se mentit à elle-même par besoin d'être rassurée, se convaincant que son ami d'enfance était le héros dont elle avait besoin ? Ou bien au contraire aperçut-elle la corruption qui l'avait gangrené, et était-elle heureuse du résultat obtenu ?

- Pas toi, répéta t-elle avec un sourire plein d'émotions, son regard errant entre les yeux de son ami et ses mains saisissant les siennes.

Lorsqu'il lui proposa de prier Shallya, Margot hocha la tête pour approuver l'idée. Ensemble, ils se tournèrent vers l'autel et s'agenouillèrent, avant de poser une main sur leur cœur pour prier. Les espoirs d'Armand furent entendus, car Margot récita bel et bien une prière pour la déesse.

Sainte Mère Shallya
De par ma souffrance, je me tourne vers vous
Assistez-moi dans mes peines
Obtenez-moi la patience et le courage dans mes douleurs
Montrez-moi l'efficacité de votre charité
Permettez-moi de guérir du mal qui me ronge
Afin que cette épreuve soit une occasion de glorifier votre compassion
Mais aussi de me rendre digne, par une vie désormais plus vertueuse


Elle conclut sa prière avec un lent signe de croix qu'elle fit avec un index sur son cœur, la tête baissée vers le sol. Après quelques secondes de silence, elle récupéra son bâton de marche et l'utilisa pour se relever, avant de croiser à nouveau le regard d'Armand. Elle semblait en paix avec elle-même, et son sourire paraissait sincère.

- Allons-y. Le crépuscule arrive : la messe de la grande prêtresse Alys ne va pas tarder, et j'ai du travail à accomplir.

Aussitôt dit, Margot prit les devants et sortit de la chapelle, Armand sur ses talons. A l'extérieur, le soleil se couchait, laissant de belles couleurs oranges et rouges colorer le paysage. Juste derrière la porte, le chevalier eut la surprise d'apercevoir Ophélie - elle ne s'était pas éloignée lorsqu'il lui avait signalé sortir bientôt. Elle l'observa avec un drôle d'air : sa gentillesse et sa malice semblaient s'être momentanément envolées, alors qu'elle dardait sur lui deux yeux verts inquisiteurs. Comme si elle le jaugeait. Comme si elle le jugeait.

Margot interrompit cet étrange moment de flottement entre eux deux, alors qu'elle interpella Armand. Cette fois-ci, ce fut elle qui fit le choix de prendre les mains de son ami dans les siennes.

- Je dois aller au temple pour les préparatifs. Carlomax... aux yeux de la couronne, c'est un criminel de basse extraction, un paysan qui n'a plus toute sa tête, qu'il faut remettre à sa place. Mais quand je n'avais plus d'espoir, plus de titres, plus de biens, vulgaire hors-la-loi marquée dans sa chair par le serpent... il aurait pu me tuer Armand. Mais il a choisi de croire en mon histoire, et de m'offrir l'hospitalité. Et lorsque Jourdain et sa clique sont venus, s'il a du privilégier la protection de Derrevin à la mienne, il a pourtant pressenti le danger et m'a faite protéger par deux de ses hommes. C'est un homme bon, et il mérite que tu l'écoutes, à défaut d'adhérer à ses opinions.

Puis, sans prévenir, elle se pencha en avant et déposa un baiser sur la joue du jeune homme.

- On se revoit plus tard, lui promit-elle en rosissant, avant de se détourner, et de boitiller vers le temple.

Margot n'était pas la seule personne à prendre cette direction. Depuis l'entrée de l'enceinte, c'était une véritable foule d'individus qui pénétraient dans la cour intérieure, pour se diriger vers le temple dédié à Shallya. La fameuse messe dont parlait Margot semblait être d'une importance capitale - c'étaient des centaines de personnes qui défilaient sous les yeux d'Armand, avançant deux par deux pour entrer dans le bâtiment.
L'immense majorité de cette foule était composée de paysans ayant terminé leur journée de travail. Hommes, femmes et enfants, paysans comme marchands, artisans comme hommes d'armes, c'étaient toutes les couches de la paysannerie qui semblaient s'être données rendez-vous pour la messe... mais pas seulement. A la plus grande surprise d'Armand, il y avait également un groupe de chevaliers, ou tout du moins d'hommes en ayant l'équipement et la prestance. Ils n'affichaient pourtant aucun blason permettant de les affilier à un duché ou une seigneurie.

Ophélie guida Armand à contre-courant de cet attroupement, le longeant pour atteindre la sortie du temple. Nombreux furent les paysans qui les saluèrent d'un geste ou d'un regard entendu, leur adressant des regards curieux, parfois un sourire, parfois une salutation polie prononcée à voix basse. D'ailleurs c'était le peu de bruit qu'ils produisaient qui était remarquable pour une telle troupe de péquenauds - pas un seul n'osait élever la voix, et les familles discutaient entre elles uniquement en murmurant. Comme s'ils étaient tous assez éduqués pour ne pas troubler la quiétude du temple de Shallya.

- Sire ! Créfieu, sire, c'vous ! hurla une voix, rompant ce quasi silence religieux avec fracas.

Sortant de la foule pour courir vers son seigneur, c'est un Triboulet les larmes aux yeux qui apparut, pas la moins du monde gêné par les regards de travers qu'on lui faisait. Il semblait plutôt en forme, quoiqu'un peu rougeaud pour les quelques mètres seulement qu'il avait parcouru. Son haleine confirma les doutes d'Armand - le bon Triboulet avait bien chargé sa journée.

- Vous êtes d'bout ! S'vous saviez combien j'prié la Mère ! J'jamais été aussi pieux d'ma vie sire, et elle vous a r'tapé ! J'lui ai dit au Carlomax, j'lui ai dit qu'si jamais vous vous rel'viez pas c's'rait sa faute, et qu'j'vous vengerais ! Bon, du coup, ç'm'arrange bien qu'vouz soyez d'bout car il s'bat bien en plus d'être un bon bougre. 'fin c'est pas qu'juste pour ça qu'j'suis content qu'vous soyez vivant, hein, enfin vous comprenez ! Ah bonjour Ophélie ! T'vas bien ? J'espère qu'c'pas elle l'premier visage qu'vous avez vu au réveil parce que foutreciel, quand j'l'ai vu la première fois j'ai hurlé d'terreur. Nan moi j'crois qu'c'est Margot qu'souriait au d'ssus d'vous quand vous êtes rev'nu à vous. Margot, merde m'ssire, c'est fou, j'me rappelle encore elle piote quand elle jouait avec vous, c'est incroyable qu'vous l'ayez r'trouvée dans c'te crypte. La Dame est à l'oeuvre c'sur, elle vous guide ! Et vous avez rencontré Dame Alys ? Elle...

Pas moyen d'en placer une. Il irradiait de bonheur, et sa logorrhée ne faisait que traduire la joie sincère qu'il ressentait. Son corps se dandinait d'un côté à l'autre, comme s'il résistait à l'envie impérieuse d'étreindre Armand, mais se retenait par peur de gâcher ces retrouvailles.

- Triboulet, l'interrompit finalement Ophélie avec douceur. Armand doit discuter avec Carlomax. Vous pourrez fêter vos retrouvailles après la messe.

Sitôt l'information digérée, le compagnon du chevalier déglutit et bafouilla quelques excuses, avant de rejoindre le rang au trot, pour se mêler à nouveau à la foule qui patientait devant la porte fermée du temple. Et alors qu'Armand et Ophélie poursuivaient leur traversée de la cour intérieure, le jeune homme put distinctement entendre Triboulet expliquer à ses voisins de rang que "c'est lui l'héros dont j'vous parlais".

Une fois l'arche passée, Armand put observer que la file de gens attendant de pouvoir entrer dans le temple ne s'arrêtait pas à l'entrée du temple, mais se prolongeait encore sur plusieurs dizaines de mètres à l'extérieur. C'était tout le village qui s'était donné rendez-vous, ou bien Derrevin avait pris plus d'ampleur que les rumeurs laissaient penser ?

Pourtant, le village ne payait pas de mine. Nulle route pavée pour agrémenter les chemins de terre, nulle pierre dans la construction de ces taudis de bois et de torchis dans lesquels vivaient les villageois. Ça et là, il y avait des chantiers de démarrés, des ébauches de nouveaux logements en construction mais pas encore terminés, et qui ne seraient certainement pas plus luxueux que ceux déjà en place. Au loin, Armand remarqua même quelques tentes de fortunes érigées à la va vite sur le bord des chemins. Même le château de feu le seigneur en place ne payait pas de mine - il ressemblait étrangement à celui de Lyrie, après que les flammes des paysans aient anéanti son donjon. Ne restait qu'une demi-structure noircie, le reste étant partiellement en ruines suite aux dégâts des flammes et l'effondrement de la tour. Plus personne ne semblait y vivre.

Ophélie et Armand s'approchèrent d'un petit groupe de cinq personnes qui discutaient à l'écart de la file d'attente menant au temple de Shallya. Ils interrompirent cependant leur conversation dès qu'ils virent le duo s'approcher.

Les deux premières, Armand les reconnut immédiatement : c'étaient les prêtresses Thecia et Alys, parées de leurs robes shalléennes, respectivement jaune et blanche. Thecia semblait aussi mal à l'aise que la première fois que le chevalier de Lyrie l'avait vue - elle détournait le regard, et toute son attitude corporelle montrait sa gêne à l'égard du jeune homme. La grande prêtresse à l'inverse, les deux mains sur son bâton en bois torsadé, dardait ses deux yeux marrons sur Armand sans ciller.
La troisième était également une femme, même s'il fallut quelques secondes d'observation pour en être bien sur. Le crâne partiellement rasé, le visage défiguré par une horrible cicatrice traversant toute sa joue et habillée d'une armure de cuir, elle non plus ne se gêna pas pour dévisager le chevalier, avant de l'observer de la tête au pieds. L'une de ses mains restait posée sur la fusée de son épée accrochée à sa ceinture.
La quatrième était un homme ayant la trentaine, les cheveux bruns coupés courts, la moustache et la barbe bien taillés. Il ressemblait un peu à Armand avec une dizaine d'années de plus. Portant une écharpe, celle-ci recouvrait la capuche de sa cape brune qui pendait dans son dos. Le vêtement typique ne pouvait mentir sur le groupe auquel il appartenait.
Pour finir, le cinquième individu dénotait des autres, du simple fait qu'il était le seul à sourire à l'arrivée d'Armand. Aussi goguenard qu'un Triboulet riant à ses propres blagues après sa première bouteille de la soirée, l'homme jouait avec une pièce qu'il jetait en l'air pour la rattrapper sans la regarder. Les cheveux noirs et longs, la guitare qu'il portait dans son dos et ses vêtements colorés et asymétriques, ces détails pouvaient le faire passer pour un ménestrel extraverti, mais les deux lames qu'il portait à la ceinture semblaient indiquer qu'il ne se limitait pas au métier de musicien.
Dans l'ordre fait par la description :
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- Ophélie, peux-tu me confirmer qu'Armand est en parfaite santé et apte à quitter le temple ?

La jeune fille ne répondit pas immédiatement. Elle croisa le regard d'Armand pendant quelque secondes, toujours avec ce visage fermé qui contrastait avec l'enthousiasme qu'elle avait montré précédemment. Puis elle se détourna vers la grande prêtresse Alys.

- Je vous confirme que son corps est parfaitement rétabli, grande prêtresse.

- Très bien. Dans ce cas Carlomax... il est à vous.

Accompagnée de Thecia, elle s'avança en direction du temple, mais s'arrêta au niveau d'Armand avant de le dépasser. Elle posa une main sur son épaule, avant de lui dire quelques mots :

- Le cœur de Shallya souffre de ce qui a pu vous arriver Armand, à vous comme à Margot. Si un jour, vous souhaitez lui parler mais ne savez pas comment, je saurais prêter une oreille attentive. Vous serez toujours le bienvenu.

Elle lui fit un sourire en coin plein de tendresse, puis s'éloigna en compagnie de Thecia et Ophélie, laissant Armand seul avec le trio restant.

- Bon, et bien on va vous laisser aussi mon vieux. Maussade et moi ça fait un moment qu'on a pas prié la colombe, et un peu de bienveillance dans son cœur ça lui ferait pas de mal. N'est-ce pas ?

Ce disant, le cinquième individu colla une claque magistrale sur les fesses de la terrifiante combattante. La réaction fut aussi immédiate que disproportionnée - sans même regarder sa cible, elle abattit un terrible coup de coude dans le plexus du ménestrel, qui se plia en deux, le souffle totalement coupé. Grommelant quelque chose de manière inaudible, elle rejoignit la foule attendant devant le temple, laissant son compagnon tousser derrière elle.

- C'que j'disais... marmonna t-il, se relevant difficilement, une main sur l'estomac alors qu'il titubait pour la rejoindre.

Ne restait plus que l'homme à la cape et à l'écharpe. Il tendit un bras en avant à Armand, ignorant l'attitude de ses compagnons pour se concentrer sur son interlocuteur.

- Je suis Carlomax. Paysan, hors-la-loi, herrimault, sans-visage, et désormais chef de Derrevin libre. Enchanté de te connaitre, Armand de Lyrie. On a beaucoup de choses à se dire, tu as sans doutes des questions à poser, tout autant que j'ai d'informations à te donner ; alors que dirais-tu que je te fasse visiter notre village pendant notre discussion, avant que la nuit ne tombe ?
Un visuel du village
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Un plan du village (susceptible de changer légèrement selon mes besoins, après tout t'as pas google maps)
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Jets du tour :

Test de Cha sur Margot, vs son intelligence
Armand : 7, réussi de 3
Margot : 18, raté de trop.
Manipulation d'une amie pour te la garder pour toi sous l'influence de tes désirs - ça nous fait 1 PdC Slaanesh, ça, monsieur.

Bénédiction de calme (2) : 10 sur 13, réussi de 3.
==> Armand bénéficie d'un nouveau jet de mental avec un bonus de +3 pour résister à l'influence pernicieuse du chaos
Test de mental (INT+END+2+3)/2 = 18, raté de 6.
==> Armand est un cas désespéré. Pas de changement ici ou d'impact négatif, juste aucune aide divine pour t'aider . Débrouille toi avec tes travers. Note que tu peux rp ça comme tu le souhaites, si Armand ressent cette tentative divine de l'aider ou non - en revanche, il ne peut pas savoir si la prière provient de Margot, Ophélie, Thecia ou Alys.

Test de perception d'Armand : 16, échoué.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

« Sainte-mère-Shallya… De-par… Ma… Souffrance... »

Je répète à voix basse la prière de Margot, avec un délai de latence pour bien recopier ses paroles, pour ne pas commettre d’erreur dans le cantique, comme si c’était une formule magique dont un simple mot trébuché pourrait avoir des conséquences gravissimes. Et on en est pas loin.
Vous souvenez-vous de ce moment où je suis entré dans la chapelle du Graal abandonnée avec Evrard et Triboulet ? La sensation que j’éprouvais en cet instant, vous l’ai-je bien retranscrite ? Un long instant de calme, de sérénité, de douceur tranquille qui envahit votre corps et vous soulage, comme si on retirait un poids écrasant de vos épaules. C’est ça la force de la religion. Une force mentale, psychique, immatérielle, qui est si forte, si pure, si puissante, que votre corps ne peut pas faire autrement que d’être influencé : vos muscles vous semblent moins échauffés, vos articulations ne vous font plus souffrir, votre cœur ralentit, vous devenez une forteresse inébranlable, emplie d’amour et vouée à la méditation. Qu’importe que vous entriez dans la solennité lourde et triste d’un mausolée de Morr, ou le silence érudit d’une bibliothèque tenue par des greffiers de Verena, la religion a cette qualité unique d’agrandir des hommes qui, sans elle, ne seraient que des monstres de chair doués par leurs bas instincts et leurs misères charnelles.

Et putain de bordel de merde, j’en avais en cet instant des bas instincts, et du charnel à revendre par paquets.

J’en ai fermé les yeux. Et quand je dis « fermer les yeux » je ne vous parle pas de simplement poser gentiment vos paupières au-dessus de vos globes comme si vous tiriez les rideaux, non, je parle de la fermeture des yeux que vous faites quand vous avez une sale migraine, le moment où vous forcez bien, au point de sentir vos tempes et les os de votre visage. Je dépose une main sur mon cœur, tout en répétant d’une voix traînante et bien basse la prière de Margot.

« La… patience et le courage… Dans mes douleurs... »

Et mon cœur, il bat. Il bat furieusement. Il me fait mal, dans ma poitrine, et je compte sur la prière pour m’adoucir. Je compte sur cette force divine, latente, immatérielle et incompréhensible, pour entrer en moi et me calmer. Je recherche la même sensation que j’aie toujours ressentie en entrant dans des chapelles du Graal, je recherche cet instant de béatitude qui rend mon corps mou et mes bras branlants.
Toute la chapelle est entourée d’une douce piétée. Et elle est dans mon cœur, également, je le sens. Elle est dans mon cœur, depuis… Depuis qu’Ophélie m’a touché, en fait. Depuis que l’enfant défiguré m’a touché, je me sens plus léger et guilleret. Et là encore, autour de moi, je sens une… Force, comme une vague, qui tente de m’envoûter et de m’adoucir, avec le même effet qu’une tendre main qui viendrait se poser sur votre joue. C’est la prière de Margot qui doit tenter de me faire ça. Ou bien est-ce tout le sanctuaire de Shallya lui-même : Les colombes de la Douce ont élu domicile ici, elles sont omniprésentes, le Mal ne peut survivre ici.

Et pourtant mon cœur il bat il bat furieusement.

J’en serre les dents – oui je n’arrête pas de serrer les dents depuis tout à l’heure, comme si j’avais une rage de molaire. J’en force les yeux. J’en ai mal. La pesanteur divine ne m’envahit pas, je ne l’accueille pas gentiment. Elle m’énerve en fait. Elle me vexe. Elle a le même effet que des guêpes qui tournoieraient autour de moi. J’ai l’impression de ne pas être réceptif. Non, pire que ça en fait : Je la refuse. Je la refuse.

« Guéris-moi du mal qui me ronge... »

Mon corps tout entier est prostré. La chaleur ne me quitte pas – elle en devient caniculaire, en fait. J’ai vrillé. J’ai vrillé depuis que j’ai vu la marque, et même ma prière désespérée envers Shallya ne fonctionne pas. C’est même pire que vrillé. En plein milieu de la prière, je rouvre mes yeux, et je les tourne vers Margot. Mes pulsions me démangent, et c’est douloureux de les retenir ; j’ai l’impression d’empêcher un éternuement, c’est odieux. Douce Shallya. Je n’ai même pas envie de vous parler avec des euphémismes poétiques, des sous-entendus trop doux pour décrire l’état de mes organes : J’ai la trique. Je bande à en avoir mal. Et c’est pas la prière à la Déesse qui va me calmer.
J’ai envie de l’attraper, de lui arracher sa robe de bure, de l’empêcher de fuir en écrasant sa jambe boiteuse. J’ai envie de la faire hurler, tant de douleur que par délice lascif.

J’ai envie de donner une raison à Shallya de pleurer.

J’ai jamais été autant soulagé par la fin d’une prière. Quand je croise le regard de Margot, je suis obligé de retrouver mon doux sourire accorte en coin, de me donner une image de bonhomme bien preux malgré les sueurs froides qui rendent mes mains moites. J’ai hâte d’aller dehors : il fait froid mais ça va me calmer, tout comme le fait de dégourdir mes jambes. J’ai tellement envie de sortir.
Et puis Ophélie se tenait juste devant, sur le perron de la chapelle. Et je vécus alors les deux secondes les plus longues de toute mon existence.

Allez, comptez. Un. Deux. C’est minuscule, hein ? Deux secondes. Deux secondes immensément étranges, durant lesquelles je m’étais soudain figé pour regarder droit dans les yeux la balafrée. Deux secondes, pas plus. Deux secondes durant lesquelles je sentais, avec le léger froncement de sourcil et l’écarquillement de ses pupilles, qu’elle avait immédiatement vu à travers ma mine aimable et les sourires que j’adressais à la fille Ternant. Deux secondes qui lui avaient suffit à dénuder mon âme et à me glacer le sang.

ELLE SAIT. ELLE TE JUGE, PÉCHEUR PAR LA PENSÉE.

Le tendre bisou de Margot et ses joues rouges ne suffirent même pas à me remettre en état. Le regard d’Ophélie avait eu le même effet qu’une douche froide, le même effet que vingt lacérations de fouet, la même honte que si tous mes honorables pairs me découvraient en flagrant délit de sodomie orgiaque ; Je n’avais pas eu besoin d’ouvrir les yeux devant quinze chevaliers du Graal taciturnes, la bouille juvénile d’Ophélie avait provoqué chez moi la même trouille primale.

Pécheur. On peut tromper une fois mille personnes mais jamais mille fois la même. On échappe pas à son sang.




La honte suit l’excitation. Une honte ignoble et crasse, qui grandit à chacun des pas qui m’éloigne de Margot. Une honte dégoûtante qui me rend nauséeux, d’autant plus qu’Ophélie m’escorte au milieu d’une foule de fidèles. Des gueux, des laboureurs puants et misérables, mais fidèles. Plus fidèles que moi. La même honte répugnante qui s’empare de vous après que vous vous soyez branlés. Une sorte de torpeur déprimante m’accompagne. Je voulais prier pour me sentir plus léger, je ressors de cette chapelle plus lourd que jamais. Mon corps tremblotte, transi d’un froid rendu d’autant plus mordant que je suis couvert de sueur. Je marche en baissant les yeux et d’un pas traînant, qui me permet au moins de suivre les petits pas de l’enfant. Je ne veux pas croiser les regards d’un seul mouton du troupeau de Shallya : J’ai l’impression qu’ils me jugeraient tous comme Ophélie venait de le faire. Et pourtant certains me regardent, certains me parlent aussi. Avec des sourires et des saluts polis ; mais leur courtoisie me blesse, probablement parce que je suis à fleur de peau. J’ai envie de m’enfuir.
Quand j’entends un péquenot élever sa voix au milieu de cette troupe au mutisme sépulcral, je sens la chair de poule me gagner. Et j’aurais sans doute bondit, si seulement je n’avais pas vite reconnu le grognement alcoolisé de celui qui osait troubler le calme du temple.

C’est Triboulet ! C’est mon Triboulet ! Un gigantesque sourire apparaît sur mon visage. Un sourire bien sincère, aux yeux pétillants. J’ai presque envie de l’enlacer, et je l’aurais fais bien volontiers si seulement je n’avais pas encore une trique de malade en même temps qu’une nausée de honte. Je peux pas m’empêcher de postillonner de rire en l’entendant, au cours de sa logorrhée impossible à interrompre, proclamer qu’il allait me venger si j’avais eu le malheur de trépasser. Je sais qu’il ment, mais c’est un mensonge qui me donne du baume au cœur. Pieux Triboulet, preux Triboulet : La dernière fois que je l’ai vu, je l’avais envoyé dans une tâche périlleuse, seul, en éclaireur. J’étais un peu curieux de savoir ce qu’il avait trouvé dans la cabane qu’il était parti fouiller, mais j’étais surtout soulagé de non seulement le retrouver, mais d’en plus le reconnaître. À vue d’œil, il n’était pas blessé, et étant donné sa bonne humeur, il ne m’en voulait pas. Pour une fois que j’avais des nouvelles rassurantes depuis mon réveil, je me devais bien de les chérir.
Dommage, Ophélie nous presse. Parce que j’avais véritablement envie d’attraper mon valet afin de descendre une bouteille avec lui : pour une fois, j’étais prêt à sortir ma bourse pour lui payer un vrai verre, et pas juste un litron coupé avec de l’eau pour faire des économies. Mais voilà, je suis obligé d’estomper mon sourire, même s’il était plus fort que moi.

« Va prier Shallya, bonhomme. T’en fais pas. Je me suis pas relevé de mon plumard pour laisser passer un verre : On a la douceur de la Déesse à fêter. »

À vrai dire, j’avais plus envie de voir Margot qu’autre chose. Mais Triboulet, mon beau Triboulet… Il irradiait de douceur. Plus qu’Ophélie, en fait. Triboulet est con, il est idiot, il a un retard mental : mais c’est ça qui fait que je l’aime. Il est violent, vulgaire, rustre, mais il n’est pas mauvais, il n’est pas inquisiteur, il est naïf, et sa naïveté le rend agréable. Parfois il m’insupporte, il me donne envie de le fouetter, mais à la fin, je me rends toujours compte qu’il est la seule personne qui me reste. Peut-être même la seule personne que je n’aie jamais eu. Mêmes mes proches et mes amis que je pensais exemplaires, même des preux comme Quentin de Beauziac, s’étaient révélés être corrompus. Pas Triboulet.
Il était le seul qui me restait, oui. Jusqu’à Margot.



J’ai un fatras dans le crâne. Un sac de nœuds à la place du cerveau. Des dizaines d’émotions qui m’assaillent, qui me bombardent comme les canons d’un galion de Bordeleaux. Tant de choses qui se mélangent, ça me donne envie de hurler. Les explications de Margot dans la chapelle m’ont permit d’y voir beaucoup plus clair, certes, mais la suspicion et la paranoïa m’assaillent toujours. J’avais fuis l’Aquitanie parce que je voulais échapper à tous ces liens, toutes ces fidélités et ces devoirs, à ces gens dont j’ignorais s’ils voulaient mon bien ou ma damnation. Les orques c’est simple à combattre, je l’ai expliqué à Margot. Utiliser ce mot, « simple », je suis sûr qu’en certaines contrées ça provoquerait des rictus sardoniques : Le berger de Gasconnie, qui doit passer chaque heure de sa vie à être méfiant et à craindre les peaux-vertes, est-ce qu’il n’aurait pas envie de me cracher dessus et de tirer l’épée dans une rixe s’il m’entendait prétendre que l’ennemi qui menace chaque jour sa famille est simple à combattre ? Disons plutôt que les orques, on les combats avec un esprit pur. Ils sont le mal, nous sommes le bien, c’est facile. Mourir en combattant des orques ? Héroïque. Saigner et occire des gobelins ? Chacun d’entre eux qui mord la poussière après avoir émoussé sa lame, ce sont des vies humaines qu’on a sauvé. La Dame apprécie. L’Aquitanie c’est pas pareil. C’est un foutoir, autant que mon crâne et mon âme sont un foutoir pas possible.
Je me méfie de Margot, je la crains, je la soupçonne.
J’ai de la tendresse pour Margot, j’ai envie de la prendre dans mes bras, de la protéger.
J’ai envie de Margot, je veux l’étrangler pendant que j’entre en elle.

Et à mesure qu’Ophélie me fait m’éloigner du temple, je sens que le foutoir ne fais que commencer. Putain de merde. Il y a des gens ici. Trop de gens. Derrevin pourtant je saurais même pas la situer sur une carte de mon duché, c’est un village. Alors certes, au départ, alors que je voyais la foule de fidèles se presser dehors, je raisonnais intérieurement. Cela arrive qu’il y ait des gros villages, limite des bourgades. Mais y a vraiment beaucoup trop de monde ici. Beaucoup trop. La vue lointaine du donjon incendié me fait trembler d’une peur immense.
Il y a trop de populace. Et pas de seigneurs pour les surveiller.




Ophélie m’attire jusqu’à un petit groupe. Je ferme ma gueule, je lie bien mes lèvres ensemble. Comme un voleur de Ranald qui se fait arrêter par les sergents du guet : Je la boucle et je ne pipe mot. Les deux mains dans le dos, épaules en arrière, j’essaye de paraître à la fois sérieux et détendu – mais quand on essaye de paraître détendu, ironiquement, on a pas l’air naturel, n’est-ce pas ? Je laisse Ophélie donner son diagnostic à ma place, bien qu’elle ait croisé mon regard assez longuement. Je suis pas né de la dernière pluie non plus. Elle déclare à grande-prêtresse que mon corps est rétabli, sous-entendu que mon âme, elle, est peut-être encore convalescente. Ces mots qu’elle n’a pas prononcés mais que j’ai néanmoins deviné suffisent à me faire regarder le sol quelques instants, songeur alors qu’aucune véritable pensée n’entre en moi. J’ai a peu près autant de sensibilité intellectuelle qu’un zombie, là tout de suite. Seule la main qu’Alys posa sur moi me fit lever mes mirettes et croiser ses rétines marrons. Elle m’adressa quelques mots rassurants et me proposa de lui parler. C’est bien un truc de prêtres, ça, de dire qu’on peut venir leur parler à chaque instant – c’est aussi les mêmes qui vous enferment quand vous leur dites trop la vérité, je sais que les temples de Shallya ont des cellules pour les malades mentaux. Je me contente simplement d’approuver d’un hochement de tête, bien que je n’ai aucune idée de si je vais écouter son conseil ou non. Je devrais. Bon sang je devrais.
Je me sens néanmoins beaucoup moins détendu en croisant le visage de… Thecia ? L’autre prêtresse, je crois qu’elle s’appelle comme ça. On ne me l’a pas présentée, j’ai juste entendu son prénom à mon réveil. Et pourtant, alors même que je ne la connais absolument pas, je peux distinctement déceler sa gêne. Cela suffit à me faire froncer les sourcils et à l’observer d’un air patibulaire, ce qui, bien sûr, ne fais que renforcer son malaise.
J’ai besoin d’explications. Elle peut s’enfuir à petits pas dans l’escorte de la vénérable sœur Alys, ça fait rien. Je vais la retrouver.

Bon, maintenant qu’on a bien parlé de toutes les personnes honorables, toutes des femmes – et Triboulet –, on peut enfin me laisser avec d’autres zigotos. Et bordel ils ont de sacrées bouilles. Déjà y a une espèce de hommesse mal vêtue et à la gueule bien couturée. Je la dévisage un instant, mais contrairement à Thecia, je ne soutiens absolument pas son regard et me dépêche d’observer ailleurs. Elle a une mauvaise trogne, j’ai pas envie de lui lancer le moindre défi. Si encore elle avait été bien membrée, je dis pas, j’aurais peut-être relevé une lèvre taquine pour tenter de montrer ma domination, comme les chiens aiment bien faire. Mais c’est une femme ! C’est trop bizarre. Et un peu ridicule aussi. Mais ça j’ai pas envie de le dire à voix haute.
Vous savez qui d’autre est ridicule ? Le type à côté d’elle, qui tente de lui coller une main aux fesses – bien peu galant mais vu que c’est pas vraiment une femme est-ce qu’il faut en être choqué ? Pour tout dire, il semblait pas particulièrement désagréable, enfin j’en sais rien, peut-être que si ça se trouve c’est un compagnon de beuverie agréable, faut pas juger les gens au premier regard. Bon par contre il a deux épées, et je me demande quel genre d’attardé mental porte deux épées à la fois ? Il manquerait plus qu’il les aient nommées et alors ça serait le comble de l'absurde. Enfin en tout cas les deux-là ont l’air de se connaître, même si le changelin homme-femme ne se prive pas de lui coller un coup monumental pour répondre aux « attentions » peu élégantes du guitariste. Alors c’est qui ces crétins ? Mercenaires ? Forestiers ? Caravaniers ? Pilleurs de tombes ? Peut-être tout simplement des sbires du coin. Peut-être même ceux qui m’ont salement assommé et ramené ma carcasse ici. Je leur fais un signe de tête amical mais encore une fois je la boucle et les laisses se casser, de toute façon je n’ai à les connaître que si on me les présentes, sinon, l’ignorance c’est parfois bien.

Et du coup, on me laisse avec celui qui voulait me voir. Et déjà, c’est très bizarre. Le type qui se tient en face de moi se présente immédiatement, sans sourciller, comme herrimault et sans-visage. Le truc a de quoi me choquer. Je m’étais attendu à le découvrir flanqué de brigands, mais là, les brigands, ils s’éloignent et le laissent seul. Certes, je suis pas armé, et certes, Margot a bien dû répéter que j’étais quelqu’un de raisonnable, mais quand même, je sais pas moi, un peu de précautions. Un sans-visage qui me montre son visage ! Il doit faire foutrement confiance aux gens qui l’entourent, il n’a pas froid aux yeux. Avec un comportement aussi honorable, je ne pense pas qu’il fera long feu en Aquitanie.

Il est plutôt beau garçon. Un peu jeune pour paraître chef de… De tout ce qui m’entoure, il faut avouer. Mal habillé, certes, et avec un bronzage typique de la roture manuelle – les bourgeois de la classe moyenne ont l’habitude de ne pas se montrer au soleil pour « faire noble », mais lui a l’air d’être un vrai bonhomme du peuple. Et pourtant il parle bien, avec un ton autoritaire mais agréable, qui me ferait presque oublier que selon toutes les coutumes pluriséculaires de notre pays, il est gueux, et moi je suis noble, et qu’il est donc censé craintivement me vouvoyer et me donner du « messire » et du « monseigneur ».

Je reste méfiant, mais ça sert à rien de faire une scène. S’il voulait me tuer, il l’aurait fait depuis longtemps. Reste à savoir de quelle façon il va vouloir m’utiliser. Parce que je sais très bien que c’est de ça dont il s’agit : Si tout ce qui lui avait importé, c’était ma santé, alors jeter mon corps assommé aux pieds d’un sanctuaire de Shallya aurait suffit. Il a prit un risque en me ramenant jusqu’ici, dans le duché d’Aquitanie, au milieu de son village insurgé. Il veut quelque chose de ma part.

« Je te suis. Parlons. »

Je lui fais un petit signe de tête franc. Dans ma voix, ni gaieté, ni persiflage. Je considère que je ne lui dois rien, mais que lui non plus ne m’est redevable de quoi que ce soit. Il m’a ramené jusqu’à un temple de Shallya alors que j’étais blessé, certes – mais en même temps j’aurais pu très bien en trouver un tout seul. Il a ordonné à ses sbires de sauvagement m’assommer – mais c’était la nécessité du moment, j’aurais pu moi aussi faire la même chose à sa place.

Il a le tableau.
Et il faut le brûler.

Bon, le village de Derrevin, niveau destination touristique, on repassera. On a les pieds dans la gadoue, les maisons sont en torchis. La bourgade se vide petit à petit alors que nous nous perdons dans les « rues » – Dieux que ce terme est impropre, ce ne sont pas des rues, tout juste des chemins de terre qui séparent des chaumières. Et puis il y a une quantité anormale de gens en armes. Des archers sur les remparts, surtout. Cela a le don de me mettre un peu mal à l’aise. Tout le long de mon chemin, j’ai croisé des types en armures de fer. C’est normal dans un village castral de voir des types armés – tout seigneur a toujours des sergents en uniforme et bien équipés pour patrouiller ses routes, traquer les braconniers et les vilaines créatures qui peuplent la Bretonnie, et maintenir l’ordre. Mais là y a plus de seigneurs et y a un nombre anormalement élevé de ces gueux équipés. Carlomax a des troupes sous ses ordres. Combien ? Avec quelle expérience ? Quel équipement ? Aucun moyen de vous répondre. Mais ça me fait un peu serrer les dents, songeur.
Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle, de savoir Derrevin armé.

Il m’amène jusqu’au Gilleau. Ce magnifique fleuve dont l’eau pure scintille avec le soleil couchant. Il y a quelques barques échouées sur la plage, ça doit être à des pêcheurs qui vivent de la poiscaille qui nage dedans. Les imbéciles : Ce qui est important avec le Gilleau c’est la vigne, c’est ces magnifiques propriétés gigantesques où on fait fermenter des grands crus si profonds et fruités qu’ils sont achetés chèrement jusqu’au Kislev. Bon bien sûr, tous les vignobles sont la propriété de grands seigneurs, en majorité Bordelais, alors pas sûr qu’ils profiteraient beaucoup du cognac et des beaujolais réputés qu’on fait pousser dans la région, mais tout de même, c’est mieux que manger des anguilles et des carpes.

« Qui étais-ce, ces deux, heu… Ces deux personnes armées ? » je demande tout en marchant et en pointant du doigt derrière moi. « Tes hommes d’armes ? »

Je le tutoie direct. C’est bon, je vais pas faire l’affront de l’appeler « bonhomme » avec suffisance, mais tout de même, je ne vais pas vouvoyer un gueux. Faut pas oublier son état et son manque de particule à son nom, je le garde dans un coin de ma tête.

J’ignore s’il va me donner des informations sur les deux zigotos. Peut-être qu’il veut rester discret. Peut-être qu’à l’inverse il va s’empresser de me les présenter. Mais c’est plus une question pour poser une question en fait. J’ai aucune idée de ce que je suis censé lui demander. C’est une situation hyper gênante. On a tellement de choses à mettre au clair. J’ignore dans quelle mesure Margot lui a déjà relaté des… Explications. J’ignore s’il me connaît. Les comtes de Lyrie sont connus en Aquitanie, mais là ces derniers temps c’est plus tellement pour les bonnes raisons. Il est pas censé y avoir de l’infamie qui colle à mon nom – j’ai trahi mes parents pour l’éviter. Mais tout de même. J’ai fuis ce duché pour une bonne raison. Qu’est-ce que je suis censé y foutre maintenant ?
Faut que je lui parle du tableau, bien sûr. Mais faut que ça vienne naturellement au cours de la discussion. Je peux pas lui poser ça d’un coup, c’est trop gros.

Sur le chemin vers le Gilleau, on passe devant un cimetière. Je me signe devant une statue en bois très grossière qui représente un homme avec une capuche : Papy Morr nous surveille. Lui s’en fiche royalement des passions des hommes. Il sera là pour tous nous enterrer, bons et mauvais, seigneurs et roturiers. C’est bien lui qui unit des gens comme moi et Carlomax, plus que tous les autres, plus que les pieuses servantes de Shallya.
Sur le sable fin du Gilleau, il fait beaucoup plus frais. Un petit vent balaye mon mantel. Mais il me détend un peu, au moins, même si le soleil qui se réverbère à la surface de l’eau ne peut pas s’empêcher de me faire mal aux yeux. J’expire nasalement en observant le visage du sans-visage, avec les lèvres pincées.

« Le seigneur de ce coin-là, il lui est arrivé quoi ?
C’était un serviteur de la Ruine, lui aussi ? »


C’est ce que je crois deviner. À cause du visage d’Ophélie. Ses stigmates immondes et atroces – comme la marque de Margot, mais en odieuse et repoussante. La Ruine a frappé ici, et les gens l’ont combattue. Le donjon a cramé comme mon donjon. La différence, c’est que je crains que le château de Lyrie ne soit actuellement complètement abandonné, peut-être qu’une déréliche y a élu domicile, allez savoir ; alors qu’ici, ça pulse de vie. Et de mauvaise vie. J’entends des bruits de métal qui s’entre-choquent. S’il continue de me faire la visite, je suis sûr que je vais découvrir des gueux qui s’entraînent avec des armes.

« Tu me pardonneras, j'ai encore du mal à faire sens de tout le déroulement des événements. Je crois que quelqu'un m'a assommé, alors, forcément, ça rend la compréhension plus... Difficile. »

Pas de reproches dans ma voix. En fait, je lui dis ça avec un petit sourire en coin et ma voix qui déraille volontiers pour clairement lui montrer que c'est du sarcasme. J'avance à petits pas. J'ai envie de voir quelle est la personnalité de Carlomax. Pas sûr que le sans-visage soit un pince-sans-rire. Si ça se trouve il va tout de suite aller sur la défensive et dans ce cas là je sais qu'il va falloir que je me la boucle.

« Jourdain a trépassé, n'est-ce pas ? J'ai trouvé un chevalier portant les armoiries de Son Altesse au fond d'une fosse à pieux, c'était lui, hein ?
Et heu, aussi, deux soldats légèrement armés... Que je devine être les escorteurs que tu as envoyé pour accompagner Margot ? Y avait beaucoup de cadavres. Si c'était eux, tu as mes condoléances - leurs familles aussi, s'ils en ont une. »


Les morts c'est sérieux, je vous l'ai déjà bien assez démontré. J'en ai rien à foutre de savoir si ces types étaient des preux saints ou des brigands-voleurs. Ils méritent la bénédiction de Morr et le repos éternel, comme tout le monde. Il n'y a que les criminels les plus atroces qu'on condamne à ne pas recevoir les derniers rites, et là les croques-Morr font quand même la gueule.

« Je ne me remets absolument pas Jourdain, si tu comptais me poser ça comme question. Et si c'était lui dans la fosse, bah, il devait pas être bien important en Aquitanie. Probablement un chevalier de mesnie, avec un fief-rente, pas un grand baron. Mais que je le connaisse pas, c'est plutôt une mauvaise nouvelle : ça veut bien dire que Son Altesse en a manqué trois ou quatre, pas très arrangeant. »

Je plisse mes lèvres et fait une grimace. Quand on est dans la merde vaut mieux en rire qu'en pleurer. J'ai bien hâte de voir son opinion là-dessus.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 03 juil. 2019, 18:33, modifié 1 fois.
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

Carlomax avait beau être seul avec Armand, son regard portait davantage sur l'horizon que sur son compagnon de marche. Il ne semblait pas se méfier un instant du chevalier, comme s'il était certain que ce dernier ne l'attaquerait pas. Difficile de savoir ce qu'il cherchait à prouver à Armand : la confiance qu'il lui offrait, ou celle en sa propre sécurité au sein de son village.

- Maussade et Félix ? répondit-il avec une ébauche de sourire, apparemment peu contrarié par le tutoiement réciproque utilisé par Armand. Félix est un vieil ami. Un impérial qui s'est pris d'affection pour la Bretonnie et qui aime sillonner ses routes. Il est plus malin qu'il en a l'air - si tu ne me crois pas, demande-toi si tu as perçu la moindre trace d'accent impérial quand tu l'as entendu parler. Quant à Maussade... c'est ma garde du corps, aussi incongru cela puisse paraître. Ce n'est pas son vrai nom bien sûr - elle ne parle pas, et je ne suis pas sur qu'elle nous comprenne, alors Félix l'a nommée ainsi. Selon lui, elle est kislévite : dans ce genre de région, ils ont des femmes-guerriers.

Carlomax ponctua sa déclaration d'un haussement d'épaules, comme pour manifester sa propre incompréhension du concept.

- Je dois cependant reconnaître qu'elle est douée. Il y a quelques jours, un soi-disant réfugié ayant fui le tyrannique seigneur Recherre s'est avéré être un assassin à sa solde : un autre chevalier honorable et vertueux dont l'Aquitanie a le secret. Pas une seconde je ne me suis méfié. Elle, elle l'a jamais lâché des yeux une seconde, et quand il a fini par tenter quelque chose, elle l'a maîtrisé dans la seconde.

Un silence vient ponctuer sa dernière phrase. S'il parle avec aisance et éloquence, le ton de sa voix ayant un magnétisme certain, il ne manifeste pourtant pas beaucoup d'émotions par son visage, et c'est difficile de savoir s'il est admiratif de la guerrière balafrée ou s'il ne fait qu'énoncer des faits.

La plage de sable qu'ils longèrent était très calme, à distance des remparts. Le soir étant tombé, le village en partie déserté pour le temple de Shallya, ne restait que le bruit de leurs pas étouffés dans la terre et celui de l'eau du Gilleau qui s'écoulait tranquillement. En plus des dizaines de petits canots dédiés à la pêche, le chevalier put remarquer une caravelle plus massive amarrée à l'un des pontons : à ses couleurs vives bleues et rouges, il n'y avait nul doute qu'il s'agissait d'un navire de gillites. Si Derrevin s'était libéré de sa noblesse, ils n'avaient apparemment pas interrompu leurs activités commerciales.

Lorsqu'Armand osa questionner Carlomax sur ce qui avait pu se passer à Derrevin, ce dernier s'arrêta de marcher. Son regard se perdit vers l'horizon, et il répondit sans croiser le regard d'Armand.

- Oui. Le seigneur Binet de Derrevin a vu son premier enfant enlevé par les fées. Et quand le deuxième a été saisi d'une terrible maladie que la grande prêtresse Alys n'était pas en mesure de soigner, il a préféré condamner tout le village pour sauver sa fille. Il a pactisé avec le Seigneur des Mouches : Derrevin était à lui après tout, ses gens étaient sa possession, c'était son droit de les sacrifier aux puissances de la ruine pour sauver sa fille, n'est-ce pas ?

Cette fois-ci, impossible de ne pas déceler l'amertume dans la voix de Carlomax. Il avait serré les mâchoires, incapable de contrôler totalement son ressentiment évident. Mais il n'attendait pas de réponse d'Armand - sa question semblait davantage destinée à une force invisible qui se tiendrait sur la plage, qu'à son interlocuteur.

- La peste ne laissait nul choix. Soit souffrir des jours et mourir dans d'atroces souffrances, soit céder son âme pour gagner une... symbiose ignoble avec la maladie. Les shalléennes, seul rempart pour les paysans, ont été dépassées, affaiblies, contaminées. Dame Alys connaissait le seigneur Binet, elle refusait de croire en son implication, elle traitait les conséquences mais refusait de voir les causes... elle refusait de croire que la sacro-sainte chevalerie de la Dame pouvait être la source même du mal. Quant aux seigneurs voisins, pris dans leurs querelles, ils ne pouvaient se permettre d'intervenir - cela aurait laissé leurs terres bien trop vulnérables à leurs opposants politiques. Quant aux herrimaults, on s'était décidés à agir, à sauver ces gens... mais comment ? Ils étaient trop désespérés pour croire en l'espoir que l'on incarnait, et nous ne disposions pas d'engin de siège pour passer la muraille défendue.

Son poing se serrait et se desserrait. Alors qu'il racontait son histoire, il semblait la revivre, et en souffrir d'une manière très personnelle.

- Personne n'agissait. Personne. Et tout le monde crevait ou se mettait à vénérer cette... entité. Mais il s'est passé un miracle, Armand. Un miracle nommé Ophélie.

Pour la première fois, Carlomax tourna la tête pour croiser le regard d'Armand. Malgré l'émotion qui l'étreignait, sa diction était d'une clarté impeccable, sa conviction en son opinion transparaissant dans chaque inflexion de sa voix. C'était un excellent orateur, du genre qu'on écoutait avec le coeur qui vibre dans sa poitrine, il avait un véritable don pour captiver l'attention de son interlocuteur, manipulant tant ses paroles que les silences entre deux phrases pour créer la rythmique parfaite.

- Elle a du te le dire, c'est la fille de feu le seigneur Binet. Celle pour qui ont été commis ces ignominies. Elle s'est enfuie du donjon, et elle a couru droit vers le temple de Shallya. Son visage était contaminé par une sorte de... parasite innommable - c'était bien plus hideux que ce qu'il en reste aujourd'hui. L'enfant sauvée par les dieux sombres de Binet avait été contaminée plus atrocement encore que tout le reste. Et pourtant, Ophélie n'a fait qu'une chose au temple. Elle a prié, encore et encore, pour que Shallya soigne ses parents malades, et qu'elle soit pleine de compassion pour les actes qu'ils avaient commis. Elle ne leur en voulait pas Armand, alors que son corps était devenu une expérience vivante accueillant une atrocité purulente qui la brûlait de l'intérieur et dévorait son cerveau. Elle les aimait, savait que ce qu'ils faisaient étaient mal, et venait demander à la Mère de les pardonner.

Carlomax détourna le regard à nouveau. Ses yeux semblaient être devenus humides, mais peut-être n'était-ce qu'un reflet.

- Ophélie a donné à Alys l'impulsion nécessaire. Le temple de Shallya de Derrevin a fait quelque chose qui n'a jamais été vu dans notre pays : il a déclaré la guerre. La grande prêtresse a organisé une grande messe où elle a convié tout le village, et a donné aux habitants la foi, le courage, et l'espoir qu'ils avaient perdu. Les prêtresses ont œuvré de l'intérieur pour créer une rébellion, elles ont ouvert les portes de la ville aux herrimaults, et ensemble on a arraché Derrevin des mains du chaos.

Il observa de nouveau Armand. Non, ses yeux n'étaient pas humides, bien au contraire - ils étaient brûlants d'une passion ardente.

- Et si tu crois que j'enjolive cette histoire Armand, si tu crois qu'un seul de mes mots est une exagération de la réalité, alors je te laisse libre d'interroger n'importe quel habitant, prêtre ou chevalier qui vit ici et qui a été témoin des abominations de Binet. Et même si leur parole ne suffit pas, alors regarde les stigmates dans leur peau, regarde leur ferveur à prier Shallya, ou regarde dans leurs yeux, juste au fond de leurs yeux, et tu sauras.

Sans vraiment attendre de réponse, Carlomax se décida à traverser la plage pour s'avancer vers l'un des pontons. le soleil se couchait à l'horizon, et depuis la grève on pouvait contempler ses belles lueurs rougeâtres qui se reflétaient sur le fleuve, offrant un paysage bucolique.
Lorsqu'Armand lui présenta ses condoléances pour les deux protecteurs de Margot, il ne répondit pas, hochant seulement la tête en silence, le visage trop fermé pour qu'on puisse deviner ses pensées. Mais lorsque le chevalier de Lyrie parla de nouveau du seigneur Jourdain, Carlomax reprit la parole.

- Jourdain n'était pas le problème, c'était juste un cafard. Facile d'en tuer un, bien plus difficile d'éradiquer toute la colonie, même en détruisant le nid. Margot m'a raconté pour la forêt de Chalons. Comment un chevalier armé d'une arbalète à répétition et avec quelques fosses à pieux a abattu tout le groupe de Jourdain en quelques secondes, mes deux hommes compris. Apparemment elle a fait la morte, et c'est ton irruption qui a poussé l'agresseur à s'éloigner des corps sans les vérifier. Mon propre groupe avait été repéré par l'un des sergents de Jourdain, et s'est retrouvé obligé de les pister à longue distance, trop loin pour intervenir. C'est grâce à ta diversion qu'elle a pu se cacher dans le tumulus, tu lui a sauvé la vie. Merci. Et désolé pour ce qu'il s'est passé ensuite - la vue de tous les cadavres devant le tumulus a rendu tout le monde méfiant.

Un autre silence vint ponctuer ces remerciements et excuses, comme pour souligner leur importance. Le clapotis de l'eau était le seul bruit environnant, et pendant un instant, le chef de Derrevin libre sembla se perdre dans la contemplation du paysage, tandis qu'il écoutait Armand lui répondre. Puis, comme se réveillant d'une courte léthargie, il se retourna tout à coup vers lui pour s'exprimer.

- Crois-tu encore en la chevalerie Armand ? Après Derrevin, Jourdain, le Ternant ou la Lyrie, après tous ces autres seigneurs que Margot et toi avez dénoncé, partisans de la ruine et pourtant protégés par d'autres seigneurs pour des enjeux politiques ? Elle m'a raconté son histoire, et ton histoire. Ce que vous avez vécu... c'est comme Ophélie. Aucun gamin n'aurait du avoir à le vivre, et à porter aujourd'hui un tel fardeau. Aucun.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

À l’évocation d’une Maussade aux aguets ayant été capable de maîtriser un sicaire juste avant qu’il ne frappe, je crois déceler une menace, un avertissement martial, un petit « tu sais ce qu’il t’arrivera si tu tentes de me tuer ». Mais étrangement, je chasse bien vite cette idée de ma tête. Peut-être que je baisse ma garde trop facilement, peut-être que je devrais être plus méfiant, et je le suis toujours un peu, en présence d’un roturier. Et pourtant… Je ne crois pas ressentir de malice émanant de Carlomax. Je suis un très mauvais juge de caractère, autrement j’aurais vite deviné l’infamie d’hommes comme Quentin de Beauziac. Et pourtant. Je me sens étrangement détendu à ses côtés. Pas à cause d’une force immatérielle, pas comme je me sens dans une chapelle du Graal, ou, auprès de Margot. Je me sens détendu parce que je sens que c’est un homme… La Dame me pardonne de dire ça d’un gueux, d’une autre race que la notre, de personnes qu’on ne peut même pas qualifier de Bretonniens. Je sens que Carlomax est un homme bon. Une partie de mon crâne essaye de raisonner, de me dire que Carlomax est peut-être un bâtard, la progéniture adultérine d’un chevalier, cela expliquerait peut-être le fait qu’il n’ait pas l’air vilain, qu’il soit doué d’un certain charisme, et qu’il ait l’intelligence suffisante pour régner sur Derrevin comme un seigneur sur son domaine. C’est peut-être un mensonge qui n’est destiné qu’à me rassurer, comme si mon éducation de nobliaud me forçait à refuser de croire qu’un être né de la fange du peuple, un rustre au patois changeant élevé auprès des porcs et des poules, puisse être capable de devenir un preux, un courageux, guerrier à incarner les valeurs de la chevalerie telle qu’édictée par Louis, le fils de Saint-Gilles.

L’autre partie, celle qui ne cherche pas à prêter un lignage de sang-bleu illégitime au herrimault, l’écoute attentivement, alors que nous marchons le long de pontons occupés par des navires, dont un pouvant porter fret. Poings sur les hanches. Regard morne. Lèvres pincées. Je me met à regarder mes pieds quand il m’évoque l’histoire de ce bled. Une bien mauvaise histoire, pas tout à fait la même, mais similaire à la mienne.
Moi et Margot avons donc bien des points communs avec Ophélie ; Même si sa cicatrice me répugne et me rend malade, là où celle de Margot…

Je cesse d’avoir envie d’écraser le cou de la petite. Et je me sens honteux et immonde d’avoir pu, l’espace de quelques instants, avoir de telles pensées en tête. Je lui ressemble, même si elle est la pestilence faite chaire. En fait non, c’est faux, je me mens à moi-même, je ne ressemble absolument pas à Ophélie : Ophélie m’est supérieure. Sa naïveté juvénile, celle qu’on m’a dérobée, celle qu’on a souillé chez moi, elle l’a sauvée, et elle lui a permit de s’affranchir de la tâche familiale qui lui collait aux basques.
Elle aimait ses parents, et je n’ai aucun doute, pas une seule seconde, que ses parents l’aimaient aussi. Que le sire Binet n’était pas un être atroce. Je ne le connaissais pas, mais je reste persuadé que si un jour je l’avais croisé lors d’un tournoi, il aurait été bien affable, il aurait volontiers offert le gîte et du beaujolais de Bordeleaux afin que nous parlions en regardant le soleil se coucher sur le Gilleau. Je suis sûr qu’il aimait Ophélie, qui l’embrassait, qu’il la faisait jouer sur ses genoux, et qu’il aurait fait n’importe quoi pour elle. Mais voilà, c’est trop facile de dire que on ferait n’importe quoi, le jour où on découvre la réalisation de ce « n’importe quoi ». Ce n’importe quoi c’est l’atrocité qui macule la petite, qui a profané tout ce village, tout ce duché, et qui l’a perdu. Cela serait trop facile, d’imaginer tous les serviteurs de la Ruine comme des monstres inhumains et mutés qui ne méritent que pieux courroux et pointes de lances bénies. Mais ça c’est le bout de chaîne, c’est pas les premiers pas du chemin qui mène vers la damnation.

Mes parents aussi m’aimaient. Et moi aussi je les aimais – je crois qu’une infime partie de moi les aimes encore aujourd’hui. Comme Ophélie, j’étais fils unique. Enfin, selon Carlomax, elle avait eu une sœur ou un frère prit par les Fées, mais c’est comme moi, j’ai aussi eu des petits frères et des petites sœurs qui malheureusement n’ont jamais vécu bien longtemps. Dans les villages paysans, on a l’habitude de ne pas donner de prénom à un nouveau-né et de préférer attendre qu’il soit devenu suffisamment robuste : on a le cœur moins déchiré quand, inévitablement, son petit corps chétif et faible rend son âme à Grand-Père Morr. Pas ma maman. Ma maman a nommé chacun des enfants qu’elle a porté et mit au monde, quand bien même la cruauté de la maladie et du mauvais sort n’aient forcé Morr de les récupérer et d’amener leurs petites âmes dans son jardin. Ça l’a anéantie. Mon père aussi, mais il préférait ne pas en parler, il se forçait à retenir ses larmes et obligeait ma mère à changer de sujet chaque fois qu’elle tentait de me parler d’eux.
Est-ce que Binet a ressenti la même chose qu’eux quand les Fées sont venues prendre son enfant ? Je suis sûr que tous ses amis ont dû le féliciter. Lui dire qu’ils étaient tristes pour lui, mais qu’il devait être fier : Quel honneur pour lui, que sa chair ait reçu la bénédiction de la Dame, et qu’elle pourrait la servir avec félicité et dévotion. J’ai beau ne pas connaître Binet, et n’avoir plus jamais l’occasion de le faire, mais je suis sûr au plus profond de moi que je peux deviner ce qu’il se disait en son for intérieur : Qu’Elle pouvait crever, la Dame. Qu’importe qu’il ait été né chevalier, qu’à ses huit ans il ait reçu ses éperons dorés dans une chapelle du Graal, qu’à seize il soit parti sur les routes pour Lui prouver sa dévotion, et que depuis il n’ait que déférence et servilité envers Elle. C’était son enfant à lui. Est-ce que lui est venue un instant l’idée de s’enfuir ? D’embarquer sur un navire, comme cette caravelle des Gillites, et de quitter son pays pour rejoindre Marienburg ou l’Empire, juste pour pouvoir protéger sa chair ?

Il est devenu corrompu par amour. Mais il suffit pas d’aimer quelqu’un pour qu’absolument tout devienne licite et sain. Mais on en a du mal à s’en rendre compte, quand on est enfant. Ophélie a eu cette chance. Pas moi, ni Margot. Moi, je les aies subies pendant longtemps, les tendresses de ma mère. Et elle a peut-être imaginé mon consentement, même si j’étais trop jeune et influençable pour véritablement m’y opposer. La remontée de ces souvenirs me répugne.

Carlomax n’a aucune raison de vouloir que je m’assure de la véracité de ses propos. Je savais que chacune de ses phrases était la vérité nue, quand bien même elle ne devait pas arranger les seigneurs d’Aquitanie. Je n’avais en fait qu’une seule question pour lui, et elle fut dite avec une petite voix tremblante, parce que j’en devinais déjà sa réponse.

« Binet, il est…
Est-ce que vous l’avez tué ? »


La dernière pièce du puzzle de l’embuscade est enfin posée. Enfin, pas encore la dernière pièce. Disons qu’un nouveau protagoniste s’est maintenant immiscé dans l’affaire : Loin d’avoir été une embuscade entre Slaaneshis et Herrimaults, un troisième groupe, celui équipé d’arbalètes à répétition, a prit part au massacre. Peut-être que le dément que Evrard a occis, et qui a failli me tuer, en faisait partie ? Peut-être étaient-ce les hommes qui avaient établi un campement, celui que Triboulet est parti fouiller ? Je verrai avec lui. Ces derniers renseignements seraient utiles. Carlomax insiste pour dire que j’ai sauvé la vie de Margot. J’approuve d’un petit signe de tête.

« On peut me remercier pour lui avoir fait un sommaire bandage et l’avoir extrait du tumulus, mais ce sont surtout tes hommes qui l’ont ramenée jusqu’ici, et les prêtresses de Shallya qui l’ont sauvée. Bon, j’admets que vous auriez peut-être pu organiser une escorte plus délicate pour moi-même »
, je répète avec un sourire, j’espère que ce sera le truc avec lequel je pourrai le taquiner jusqu’à la tombe, « mais c’est moi qui devrait plutôt te remercier.
Bien peu de gens auraient accepter d’accueillir une hors-la-loi comme Margot. Tu l’as protégée. Qui sait ce qui lui serait arrivé sans toi ? Je te suis redevable. »


En réalité, je ne crois à ça qu’à moitié. Une partie de moi, la plus majeure c’est vrai, a confiance en Carlomax, et il passe aisément à mes yeux pour un brave type, plus brave que la plupart des messeigneurs de ce coin, ces chevaliers dont seule l’Aquitanie a le secret, une de ses remarques qui n’a pas pu s’empêcher de me faire sourire en coin. Mais reste tapis, tout le temps, une méfiance assez inavouée. Oui, il sait que Margot est une hors-la-loi. Est-ce qu’il a vu sa marque, sa tâche immonde ? Si oui, alors le fait qu’il ne l’aie pas passée au bûcher est certes honorable, mais tout de même fort étrange de sa part. Bien peu d’hommes en Bretonnie partageraient sa compassion et sa compréhension. Donc pourquoi lui ? Est-ce qu’il a une idée derrière la tête ?

Ou bien est-ce qu’il veut baiser Margot comme une chienne, comme toi ? Si ça se trouve il l’a déjà fait. Elle a beaucoup insisté pour que tu l’écoutes, tu ne trouves pas?

La dernière question de Carlomax a le mérite de me sidérer. Elle est laconique, mais pas simple pour autant. Je peux pas m’empêcher de détourner le regard. De ne pas soutenir ses yeux, qui pourtant ne sont pas accusateurs, et à l’inverse remplis de compassion – bien peu de gens m’ont jamais regardé avec de la compassion, ça a le mérite de toujours me déstabiliser. Je peux pas lui répondre en un instant. À la place, je suis obligé de regarder le soleil couchant, et d’écouter des mouettes crier pendant qu’elles cherchent du poisson que les pêcheurs de Derrevin ont épargné. J’exhale lentement tout l’air de mon corps, et plisse un peu mes yeux, tant à cause de la réverbération gênante de la lumière mourante qu’à cause d’une certaine émotion qui s’empare de moi.
Il pose le genre de questions où j’ai pas de réponses. Et c’est uniquement après quelque chose comme deux minutes – c’est long deux minutes, comptez jusqu’à cent-vingt à voix haute – de mutisme gêné que j’arrive à balbutier quelque chose.

« Je crois… Je crois toujours en la chevalerie, oui. Même si je ne crois plus aux chevaliers. »

Ma profession de foi ressemble à une banalité de poivrot, le genre qu’on confie dans une taverne. Elle mérite explication, qui n’arrive qu’après que j’ai pris une grande inspiration nasale et que j’ai un peu dégagé ma gorge, le temps que je trouve les bons mots pour formuler mon idée.

« Je crois en la chevalerie comme Ophélie croit en Shallya. Je crois parce que j’ai encore besoin de m’accrocher à quelque chose ; à une idée, à un mythe, à quelque chose qui me dépasse et qui me protège. Tu vois ce fleuve ? J’y crois. On l’appelle le Gilleau parce que c’est le lieu de la Première des douze batailles légendaires. Fut un temps où ce pays était quelque chose de bon – je m’en fous que ce soit la vérité ou non, une partie de moi me pousse au cynisme, me hurle qu’au fond il y a toujours eut des mécréantes et des seigneurs indignes qui martyrisent leur population. Mais le cynisme c’est le renoncement, c’est le cynisme qui pousse les sieurs d’Aquitanie à préférer se confondre dans des querelles meurtrières plutôt qu’à s’accrocher à leur foi. Je reste persuadé qu’il fut un temps où ce pays était quelque chose de digne, peut-être au temps de Saint-Frédémond d’Aquitanie, qui s’est battu ici, aux côtés de Gilles.
Il est clair que la chevalerie n’a plus tellement d’adeptes, sinon des hypocrites de façades, qui invoquent trop facilement le nom de la Dame pour justifier leur tyrannie. Mais c’est les chevaliers que je hais, pas la chevalerie. Même si c’est un idéal irréaliste, j’en ai besoin, comme j’en ai eu besoin pour trouver le courage de dénoncer mes parents et de fuir leur emprise. »


J’opine du chef, acquiesçant à ma propre opinion. C’est que, depuis que j’ai quitté l’Aquitanie, mon cerveau est embué par des pensées contradictoires. Carlomax m’a offert une grande occasion : Me forcer à l’introspection, et à tout sortir à voix haute, en plein jour. Je lui en suis étrangement reconnaissant. Qu’importe l’effet qu’aura ma réponse sur lui, elle me recentre et me force à le dire à voix haute.

« Je crois en la Dame, et je crois en la chevalerie. Même si ce duché ne partage pas ma candeur. »

Oui, tu l’aimes, la Dame. Tu l’as vue de tes propres yeux d’ailleurs, n’est-ce pas ? Elle m’a attachée au lit, elle m’a violé. Et j’ai adoré ça.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 08 juil. 2019, 21:15, modifié 1 fois.
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

A la question d'Armand, Carlomax n'hésita pas avant de répondre, même si le ton de sa voix devint plus grave qu'il ne l'était déjà.

- Oui. Les herrimaults préfèrent agir ni par la violence ni par le meurtre, mais... les villageois avaient trop souffert, ils cherchaient la vengeance pour leurs pertes. Et Dame Alys qui les guidait, elle était méconnaissable après l'intervention d'Ophélie. Elle ne prôna nulle compassion pour les serviteurs de la ruine, seulement la... purification, par la mort. Binet a été tué, le donjon brûlé, et Derrevin désinfectée.

Un lourd silence accompagna cette déclaration, et les tentatives d'humour d'Armand ne semblèrent pas trouver de prise sur Carlomax. Il n'avait pas souri une seule fois depuis le début de leur conversation, sinon lorsqu'il avait parlé de Félix et Maussade mais cela avait davantage ressemblé à un tic qu'à une expression sincère. A le regarder de plus près, il avait des débuts de cernes sous les yeux et des rides apparaissant aux commissures de ses yeux. Et lorsqu'Armand le remercia d'avoir accueilli Margot, puis lui expliqua ses convictions sur la chevalerie, il ne répondit que d'un hochement de tête grave, avant de se remettre en marche.

Ils se dirigèrent vers l'ouest du village en longeant la muraille sud. Le crépuscule arrivant, les gardes sur les fortifications commençaient à allumer leurs lanternes. Il y en avait un à chaque tour de guet, ainsi qu'un ou deux autres qui patrouillaient le long du mur. Chacun était correctement équipé, à priori d'un arc et d'une armure de mailles.

Des maisons alentours, Armand remarqua un détail qui lui avait précédemment échappé : certaines maisons paraissaient bien plus neuves que d'autres. Et contrairement aux chantiers proches du temple, ce n'étaient pas de nouvelles constructions installées là où les anciennes déjà en place le permettaient - ici ces habitations neuves avaient été construites là où auraient déjà du s'en situer d'autres précédemment, si l'on se fiait à la logique topogragique de la ville.

Armand avait mis deux bonnes minutes à formuler une réponse à la question de Carlomax sur les quais, et ce dernier l'imitait désormais. Il marchait devant Armand, le guidant dans les rues, mais sans dire un mot. A un moment, le chevalier crut l'entendre prononcer une syllabe, mais soit il avait rêvé, soit le chef de Derrevin avait renoncé à ce qu'il voulait dire.

Remontant vers le nord, ils dépassèrent l'écurie et la taverne. Curieusement pour cet horaire, cette dernière était fermée - sur la porte, un petit panonceau était accroché, sur lequel avait été gravé dans le bois une colombe, assez mal dessinée.

- Je comprends.

Un nouveau silence suivit ces deux mots, mais Carlomax se décida à développer son opinion, sa conviction dans la voix retrouvée.

- Tu as raison. La chevalerie est un idéal, et je me tromperais de cible en l'accusant de nos maux. Seuls les hommes sont responsables de pervertir cet idéal. J'en veux à la noblesse, au système que je n'ai jamais vu profiter qu'aux aristocrates fiers de leur supériorité de biens-nés. J'en veux aux impôts abusifs, aux lois injustes, aux conflits politiques ineptes, à la corruption tant par l'argent que par les puissances de la ruine.

Enfin, Carlomax se retourna, pour être face à face avec Armand.

- Nous avons un beau pays, et le marché de nos vies aurait du être équitable : nous travaillons dur, et vous nous protégez des dangers. Oh bien sûr, lorsqu'une déreliche s'installe dans une vieille bicoque perdue, les vôtres arrivent par dizaines, se battant pour être le premier héros à l'affronter. La chevalerie voudrait qu'ils le fassent pour nous protéger du danger : mais ils ne le font que pour leur gloire personnelle. Pour la médaille, les terres, le prestige. Et lorsque, enorgueillis par leur propre suffisance, ce sont les chevaliers qui deviennent le danger des paysans, alors qui nous protège d'eux ?

Les flammes dans ses yeux se rallumèrent. Peu à peu, il se laissait naturellement emporter par ses émotions et ses convictions - mais loin de rendre son discours moins probant, cela lui donnait une force décuplée. Carlomax était un orateur comme on en voyait très rarement, et ce n'était pas étonnant qu'il soit devenu chef par la nature des choses - sans un minimum de concentration, il donnait instinctivement l'envie de soutenir ses idées, de lever le poing en grondant, quand bien même on n'avait jamais partagé ses opinions par le passé.

- Voilà ce que sont les sans-visages Armand. Peu m'importe que les chevaliers nous décrivent comme des brigands, des détrousseurs, des hors-la-loi à traduire en justice. Ce qui m'importe, c'est que les paysans savent. Je veux que chaque individu d'Aquitanie, voire de la Bretonnie toute entière, sache que lorsque les justes deviennent injustes, il existe des gens pour lutter contre cela. Je veux que personne ne perde l'espoir comme l'avaient perdu les habitants de Derrevin face à un chevalier du royaume qui ne méritait plus son titre. Je veux que chaque opprimé sache qu'il y a une échappatoire à sa vie de souffrance, et que chaque seigneur qui s'éloigne trop de ton idéal craigne que ses terres ne deviennent un nouveau Derrevin.

Il se remit en route, continuant son chemin vers le nord de la ville avant de se mettre à longer la muraille pour partir vers l'est. Marchant désormais côte à côte avec Armand, il poursuivit son discours tandis qu'il réajustait son écharpe - le vent froid devenait mordant.

- Derrevin n'est plus seule. Lorsque nous l'avons reprise des mains de Binet, j'ai cru à une victoire éphémère, et c'est tout ce que cela aurait du être. Punir le seigneur corrompu, puis subir le juste courroux des braves venant abattre les rebelles. Mais ce pays est devenu une caricature de lui-même : les seigneurs qui n'avaient pas agi contre leur confrère à cause de leurs propres dissensions, n'étaient pas plus capables de nous affronter pour les mêmes raisons : dépeupler leur ville de leurs forces pour guerroyer, c'est l'exposer à leurs ennemis... Et alors qu'enfin le seigneur Recherre réussissait à réunir plusieurs seigneurs sous sa coupe pour créer une coalition capable de nous renverser après ses échecs personnels, l'affaire des nobles de Lyrie a bouleversé l'équilibre. L'un de ses alliés majeurs, le seigneur de Punoy, faisait partie du réseau de cultistes que Margot et toi avez dénoncé : avec cette révélation, sa crédibilité s'est effondrée et son alliance a volé en éclats sous la méfiance des uns et des autres. Nous avons profité de la purge opérée par le Duc dans Punoy pour nous approprier le village avec l'aide des habitants libérés, avant que ne soit nommé un nouveau chevalier du Royaume pour gouverner ces terres. Ensuite... Recherre, le Seigneur de Cinan était le dernier représentant des Elbiq de la région : alors avant que les Maisne ne profitent de l'occasion pour se regrouper et l'affronter, nous avons frappé les premiers. Cela a été presque trop simple : mes herrimaults sont venus en masse, se présentant comme compagnie de mercenaires, payée par la famille Elbiq pour le protéger le temps que la situation se stabilise : pourquoi nous aurait-il craint ? Nous étions les sauveurs arrivant au bon moment, et je savais qu'il était le genre d'homme à engager des assassins pour se débarrasser de ses problèmes. Les Maisne voulaient une victoire tape-à-l’œil sur un champ de bataille, donc il n'avait aucune raison de craindre une quelconque fourberie de leur part, et il était trop dédaigneux et méprisant des nôtres pour nous supposer aussi nombreux et organisés : nous ne sommes que des abrutis de paysans, n'est-ce pas ? Une fois infiltrés, il fut aisé de le prendre en otage, et voir son vrai visage : il a cédé sa ville sans grande résistance, bien plus terrifié à l'idée de perdre sa vie que ses terres, et est parti pleurer auprès du Duc avec ses chevaliers.

Il jeta un œil à Armand, jaugeant sa réaction, avant de reprendre la parole.

- Je ne suis pas en train de vous vanter nos réussites si c'est la question que vous vous posez. Ce que je veux vous expliquer, Armand, c'est que Derrevin libre n'est plus un village de révolutionnaires : c'est la capitale d'un domaine composé de trois anciennes seigneuries. Trois opportunités pour trois victoires. C'est un message que nous avons envoyé à l'Aquitanie Armand, et il a été bien reçu. Chaque jour arrivent des vingtaines de réfugiés oppressés par leur seigneurs, qui ont tout abandonné pour nous rejoindre. Et ils ne sont pas les seuls : plus d'un chevalier par jour rejoint nos rangs, préférant sacrifier leur titre que leur honneur : ceux qui ont été horrifiés par le réseau que vous avez mis en lumière, et ceux qui ont été victimes des querelles politiques ineptes et sacrifiés au nom de l'ambition d'autrui. Derrevin est devenu un symbole Armand, un symbole dont la lumière s'amplifie minute après minute.

Il s’arrêta tout à coup de marcher, et se mit face au chevalier de Lyrie. Ils étaient tout proche du château de Derrevin, à côté d'un énorme bâtiment en pierre et en bois, dans lequel on pouvait entendre le bruit d'épées s'entrechoquant et de cordes d'arc se détendre. Il y avait des hommes qui s'entrainaient au combat dans ce qui devaient être les baraquements de la ville.

- Je ne veux pas de guerre. Sans plus d'opposants, les Maisne s'organisent pour faire taire une rébellion qui a pris trop d'ampleur. Nos tactiques de guérilla sur les routes les pénalisent, mais cela ne fait que les ralentir. Contrairement à Recherre, ils ne nous sous-estiment pas. Quand ils viendront, ils le feront avec une armée qu'ils estimeront capables de nous renverser. Peut-être soutenue par le Duc. Et personne ici ne se rendra. Nous sommes nombreux, armés, et nos chevaliers et sergents forment chaque paysan à tenir une arme pour défendre ce qu'ils ont acquis dans la douleur et la souffrance : car sans plus de nobles, il n'appartient plus qu'à nous-même de nous protéger du mal. Et je vous le dis les yeux dans les yeux Armand : s'il doit y avoir une guerre, je ne serais ni honorable ni vertueux. La chevalerie n'est pas mon idéal, seule la liberté et la justice le sont. Mais comme je vous l'ai dit... je ne souhaite pas que le sang coule.

Il poussa un long soupir, puis se saisit de la gourde accrochée à sa ceinture, buvant quelques lampées avant de conclure sa tirade.

- Il y a un an, j'étais un homme différent Armand. Avide de vengeance plus que de justice, j'entendais renverser le système en place, faire tomber tous les nobles en menant une révolution dans tout le pays. Un an, c'est suffisant, pour cesser de regarder son nombril et de se mettre à écouter les autres. Les herrimaults, puis Derrevin, ça m'a changé. Le peuple ne veut pas une révolution. Il se moque de qui gouverne, comment et pourquoi. Ils veulent juste vivre, et tant qu'à faire, vivre heureux. C'est idiot, dit comme ça. Mais mes stupides idées de guerre contre les aristocrates, c'était tout aussi idiot : je voulais seulement me convaincre de sacrifier leurs vies pour mes idées, persuadé que j'étais que je le faisais par altruisme. Mais maintenant... j'aimerais une issue pacifique. Les gens d'ici ont trop souffert, et même s'ils sont tous prêts à défendre ce qu'ils ont acquis après tant de souffrance, je ne veux plus qu'à cause de querelles de pouvoir, ils aient encore à subir la perte d'un proche, d'un parent, ou pire encore... d'un enfant.

Une pause de quelques secondes.

J'aimerais Armand, que vous alliez voir le duc, et que vous entamiez des négociations pour nous.

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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Paix à son âme.

Je n’ose pas prononcer ces mots à voix haute, j’ai peur que Carlomax les reçoives mal, les interprètes d’une mauvaise façon. Mais je n’en pense pas moins, j’en mime même les syllabes avec mes lèvres. Paix à l’âme de Binet. Il a été lâche, parjure, a amené la souillure sur ses terres et ses sujets, et a confondu son âme avec le Seigneur des Mouches. Et je lui souhaite de reposer en paix. Sa mort a été méritée, même si elle lui a été donnée par des roturiers qui se sont eux aussi parjurés, et des prêtresses qui ont renié leur serment de demeurer pacifistes. C’est ça la justice, qui n’est pas pareille à la vengeance. On occis un ennemi, et c’est fini, ensuite il faut aller de l’avant et oublier.
Que Dame Alys refuse de montrer la moindre compassion envers les époux Binet, en revanche, provoque un léger frisson le long de mon échine. Que Carlomax m’avoue que c’était lui qui avait refusé de les épargner, je l’aurais admis. Que ce soient les villageois de Derrevin qui, enragés par la fougue et la folie de la foule, aient décidé de le lyncher sans procès, je pus le comprendre. Mais que ce soit une honorable sœur de Shallya, la meneuse de cette communauté religieuse, qui pousse les gueux à la hargne et refuse tout quartier, ça, c’était étonnant. Pire, c’était choquant. J’hésitais à retourner la revoir, une petite partie de ma conscience me poussait à accepter son invitation, à venir lui ouvrir mon cœur et vider mon sac, pour qu’elle puisse sonder mon âme et me conseiller. À présent, mes scrupules s’étaient évaporés : Alys me terrifiait. Je ne l’imaginais plus tellement comme la bonne mère supérieure qui m’avait offert un verre d’eau, mais mon esprit tentait de l’imaginer avec la verve du zélote et de l’intolérant.
Une zélote d’autant plus dangereuse qu’elle a une audience. Tout le village prie Shallya. La taverne elle-même est fermée pour cause de messe, si j’en crois la colombe placardée sur la porte de l’établissement. Quand les gens préfèrent la religion à l’alcool, vous savez qu’ils ne rigolent pas avec. Et la religion, elle peut au choix provoquer le meilleur ou le pire chez les hommes ; Elle peut enseigner la pitié, elle peut inspirer les artistes, elle peut offrir la charité et adoucir les peines. À son exact inverse, peu de choses peuvent autant déchaîner les passions meurtrières et excessives qu’une personne à qui l’on prête le verbe des Dieux.
Comment une déesse aussi douce que Shallya a put provoquer l’incendie d’un donjon ?


Nous y reviendrons. Là, on va se concentrer sur autre chose.

Sur le long discours que Carlomax m’offre.

Inutile de tout reprendre point par point. Rares sont les choses qui me surprennent dans son récit. C’est l’Aquitanie dans toute sa splendeur. Je ne remets en doute pas le moindre point de son long monologue. Étrangement, pas un neurone de mon crâne se méfie quand il accuse tour à tour les sires de ce duché, tantôt de conspiration, tantôt de félonie : J’ai trop vu la corruption suintante de ces terres pour oser prétendre qu’il ment. En fait, le sans-visage parvient même à subtilement me convaincre. C’est qu’il parle bien, probablement facilité parce que je suis bonne audience ; je me contente de me taire et de recevoir tout son discours avec un visage morne, une main dans le dos, et mes yeux qui se baissent pour regarder mes pieds chaque fois qu’il rajoute un nouveau nom pour lui coller de nouveaux griefs : Les Maisne, les Elbiq, sire Punoy, sire Recherre… Ne sont-ils pas mes pairs ? Vous vous souvenez la toute première fois que j’ai rencontré Evrard, au tout début de mes aventures ? Je vous avais expliqué que je l’appelais « frère » avec une grande libéralité, car sa race de chevalier faisait que je le considérais comme mon égal et mon ami alors même que je ne le connaissais pas. Eh bien, puisque je peux considérer tous les chevaliers comme des frères, et honorer leurs actions courageuses, ne serais-je pas hypocrite de ne pas également subir leurs fautes ? Aucun de ces barons-voleurs n’a honte de ses actions, et voilà qu’à présent c’est à moi d’être honteux à leur place, même si je sais bien que Carlomax ne me tient pas rigueur des péchés de mes parents – le hors-la-loi renégat est un homme clément et étrangement compatissant, on vit vraiment dans un monde étrange.

Voilà donc l’honneur et la grandeur de la fine fleur du pays du Compagnon Frédémond, du Roi Louis le Juste, les descendants des pourfendeurs du Duc Rouge ! Tellement ancrés dans leurs vendettas et leurs intrigues personnelles que même une rébellion paysanne est déjà trop puissante pour qu’ils parviennent à la vaincre. Ils ont été capables de capturer un seigneur et de lui voler son château ; ils ont été bien généreux de le laisser partir avec sa vie, mais peut-être que Recherre de Cinan n’était coupable que d’être un couard licencieux, et non un serviteur éclairé de la Ruine comme cette raclure immonde de Punoy. À en croire Carlomax, et je n’ai vraiment pas besoin d’être beaucoup convaincu pour donner du crédit à ses propos, Derrevin n’est plus qu’un tas de gueux révoltés, une énième révolte paysanne matée à coup de lances et de flèches dardées tirées par des mercenaires comme toutes les autres : Des chevaliers les ont rejoint. Je comprend mieux la vision de ces hommes lourdement armés, portant harnois et heaumes, qui se pressaient sur le chemin de l’autel de Shallya. Que même des sangs-bleus acceptent de prendre part à cette rébellion en dit long sur la saleté de la région – ai-je vraiment besoin de vous saouler avec de nouvelles hyperboles pour bien vous faire comprendre la situation ? L’Aquitanie est plus sale que le matelas d’une putain.

« Je ne veux pas de guerre », me dit Carlomax, alors que j’entends les bruits d’épées qui s’entre-choquent. Avouez que c’est poétique ? Ça me fait sourire, mais je n’ose pas faire de réflexion – le Sans-Visage ne semble pas réceptif à mon « humour » pince-sans-rire. Il ne veut pas de guerre, mais il s’y attend; ce ne sont pas forcément deux idées contradictoires. Qui veut la paix prépare la guerre, a sûrement dit un connard de philosophe Tiléen y a super longtemps, en Classique, si seulement j’avais pris gare à mieux écouter les cours des précepteurs que payaient très cher mes parents.
Vous savez ce qui est ironique, dans cette affaire ? Je suis cyniquement persuadé qu’une victoire des Maisne sur Derrevin serait une bonne chose. Ce qui a motivé toute la corruption et ce qui a permit à la Ruine de s’immiscer dans les donjons de ce pays, ce sont bien les tensions et les rivalités politiques ancestrales entre les Elbiq et les Maisne. Voir un camp définitivement gagner sur l’autre aurait au moins l’avantage d’enfin en terminer avec ces conneries. Mais à quel prix ? Les paysans de Derrevin sont en insoumission, à présent, et ils ont bien fait de prendre leurs fourches et leurs serpes en guise d’armement ; les remettre à l’état de servilité ne pourra plus que se faire par la force, la force et la violence. Alors, lorsque Carlomax me dit qu’il veut la paix, ça me fait un peu serrer les dents et plisser des lèvres. Surtout avec sa toute dernière phrase. J’en hausse un sourcil d’étonnement, tiens.

Il souhaite que je sois son porte-parole, son émissaire. Il souhaite que j’aille négocier avec Son Altesse Armand.

Sacrée révélation.

Ce qui est étonnant, ce n’est pas qu’il me charge de cette mission, moi : On pourrait être surpris au premier abord, que Carlomax décide que la personne la plus à même de représenter les intérêts de son utopie naissante soit un chevalier sans titres portant la honte écrasante d’une famille ayant servi des puissances démoniaques. Mais en réalité, je pense que c’est justement ça qui fait de moi le candidat idéal ; Bien sûr, pour représenter ses intérêts à la cour d’Aquitanie, Carlomax a besoin d’un noble, mais si son altesse peut me prêter une oreille plus attentive qu’à l’un des chevaliers ayant rejoint ce village, c’est justement à cause de mon histoire. J’étais le fils d’un comte, toute l’Aquitanie me connaît. J’ai dénoncé, sans attendre le moindre titre en retour : je les ai même abandonnés pour me ruer sur les peaux-vertes assaillant Quenelles. Je suis sûr que le duc Armand me considérerait avec une certaine bienveillance, même si elle doit être assez tempérée par une méfiance toute naturelle.
Non, ce qui est étonnant, c’est qu’il souhaite négocier quelque chose, tout court. Qu’est-ce qu’il y a à négocier ? Que souhaite-t-il obtenir ? Que suis-je censé aller demander à mon seigneur ? Je ne peux pas m’empêcher de prendre une mine grave, alors que je considère sa demande, et je n’y répond qu’après un temps de réflexion.

« Sire Armand est un chevalier du Graal. »

Déjà, rien qu’avec cette phrase, j’en ai dis beaucoup. Les chevaliers du Graal sont des saints vivants : On peut tromper toute l’aristocratie de tout un peuple, mais on ne trompe pas une Déesse, on ne trompe pas des forces surnaturelles nous dépassant. La Dame lui a permit de boire le Graal, contrairement à mon père qui est pourtant parti des années à travers le monde en Quête de son calice, c’est bien qu’elle a reconnut en lui un homme incarnant toutes les vertus de la chevalerie. Je n’ai aucun doute qu’il soit un homme bon et preux, qui souhaite ce qui est juste pour ce pays ; contrairement au reste de sa famille, d’ailleurs, qui n’a rien fait pour empêcher la Ruine de se développer comme des mauvaises herbes sur leurs fiefs, alors que je veux dire, c’est dans le serment de chevalier qu’on prête :
« Les terres qui sont miennes seront préservées du mal. »

« Lorsque je suis allé dénoncer ma famille, et tant de ses loyaux serviteurs, il m’a écouté, et il a commencé une purge guidée par la nécessité et le devoir. Cela a été le plus beau jour de ma vie. Je l’aime, Carlomax ; Une partie de moi, celle naïve qui tente toujours de s’accrocher désespérément à la chevalerie, croit voir en lui la réincarnation du Compagnon Frédémond. S’il reste un espoir pour sauver ce duché, c’est bien lui.
Mais ce que je me demande, c’est qu’est-ce que tu veux que j’aille lui dire ? »

C’est tellement bête comme question. Je comprend l’idéal de Carlomax. Je comprend sa volonté, son espoir, son utopie sublime. Je la partage. Mais concrètement, qu’est-ce qu’il veut ? Qu’est-ce qu’il souhaite accomplir ?
Armand d’Aquitanie est un homme bon et honorable, je n’en ai aucun doute. C’est un homme qui serait capable de se tenir droit face à un prince-démon, et de refuser d’écouter ses murmures, et de s’élancer contre lui avec ses armes bénies. Mais c’est aussi un homme qui a dû apprendre qu’en contre-partie des sacrifices atroces qu’il a enduré, il attend de tous ses sujets une obéissance absolue : Le paysan prête le serment du paysan, même s’il ne sait pas lire, même s’il ne le comprend pas toujours. Que Son Altesse élimine les agents de la Ruine, c’est normal. Qu’il mette fin aux injustices qui ont lieu dans son pays, c’est naturel. Et ensuite ? Retourner aux champs ? Retourner remplir les greniers seigneuriaux de céréales et de bottes de foin ?
Comment faire comprendre ce que je veux dire à Carlomax ?

« Je suis sûr et certain que si je vais le voir avec un cœur pur, et rempli de bonne volonté, je peux convaincre Son Altesse de beaucoup de choses. De vous amnistier, d’abolir les impôts injustes, de remplacer les seigneurs corrompus ou vauriens…
...Mais remplacer un seigneur ne veut pas dire remplacer les seigneurs. Armand est un homme bon, ce sont les hommes autour de lui qui sont mauvais. Mais il sera difficile pour moi de le convaincre qu’il ne faille pas remettre en place des sires et des châtelains à Derrevin, à Cinan, et en Punoy.
À ses yeux, depuis son siège d’Aquitanie, peut-être qu’il ne voit pas une insurrection contre des Chaotiques ; Peut-être ne voit-il qu’une insoumission. Je n’étais même pas au courant de votre rébellion, alors quelles informations sont parvenues jusqu’à lui ? »

Je fais un pas en avant. Je me rend compte que mes sourcils sont arqués sur mon front, obliques. C’est qu’une profonde tristesse s’est emparée de moi.

« Les gens d’ici ont goûté à la liberté. Je vois autour de moi qu’ils ont recommencé à construire des maisons. Qu’ils cultivent les champs. Qu’ils commercent. Leur vie se déroule normalement, sans avoir besoin d’un sire au-dessus d’eux.
Alors est-ce qu’ils seraient capables d’accepter à nouveau d’avoir un chevalier devant lequel plier le genou ? Même s’il est bon, et pur, et cherche uniquement à les défendre et les protéger ? Car je ne pense pas que ce soit une autre condition que je puisse présenter au Duc d’Aquitanie. »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 16 juil. 2019, 11:12, modifié 1 fois.
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

- C'est pourtant ce que je souhaite te demander de faire.

Carlomax dardait sur Armand un regard de braise. Sa voix était autoritaire mais ne portait pourtant nulle colère : si la réponse du chevalier n'était pas plaisante à entendre pour lui, il ne lui tenait pas rigueur d'être le messager de ses raisonnements logiques.

- Les cités de Cinan, Punoy et Derrevin sont désormais libres, et je ne compte pas voir cet état de fait changer. Ensemble, je souhaite qu'elles forment le nouvel État Libre de Shallya. Ce nom n'est pas anodin - ce seront les credos de la Mère qui nous servirons de guides politiques. Nous serons un état de bienveillance et de compassion, qui accueillera les paysans opprimés, les aidera, les sauvera s'il le faut. Nous les protégerons des seigneurs cruels, ambitieux, et corrompus qui gangrènent ce pays et que le Duc a trop longtemps laissé agir. Je veux que tous ceux qui souffrent injustement en Aquitanie, et même en Bretonnie, sachent qu'à l'image des temples de la Mère, il y a un endroit où ils seront à l'abri du mal.

Il leva la main immédiatement, interrompant toute velléité de son interlocuteur qui voudrait protéger l'honneur du Duc à sa mention.

- Je crois également que le Duc Armand est un grand homme. Et de toutes manières, tu l'as dit, il n'y a même pas à y croire ou ne pas y croire : en tant que chevalier du Graal, c'est un fait établi. Mais tout grand homme qu'il est, Armand, cela reste un homme. Il est seul, à la tête d'un pays qu'il n'arrive pas à gérer. C'est un tueur de monstres, un champion combattant réputé pour sa témérité, et si le sujet qui nous concernait aujourd'hui était la menace d'un dragon, je redeviendrais son sujet le plus dévoué. Mais le danger qui menace l'Aquitanie, qui contamine ses veines comme le pire des poisons, ce sont les hommes. Ce sont les aristocrates qui l'entourent où peuvent se cacher des centaines de Jourdain, ce sont les riches familles Maisne, Elbiq, Desroches, Fluvia et d'autres encore, qui détiennent tant d'influence que le Duc ne peut les forcer à rester en paix, ce qui le laisse simple spectateur de leurs querelles intestines tout comme ses prédécesseurs, dont les paysans finissent toujours victimes. Conspiration, espionnage, contrebande, cultistes, je n'ose dresser la liste de tout ce que les sans-visages ont déjà découvert dans l'ombre de ces soi-disants chevaliers. Quoique non, c'est un mensonge, je l'ai déjà fait, et rien que de repenser à sa longueur me faire bouillir de colère.

Il fit une courte pause pour déglutir en grimaçant. Il attrapa alors une gourde à sa ceinture et en but quelques gorgées avant de la tendre à Armand - au vu de l'odeur, ce n'était que de l'eau.

- Admettons que le Duc nous dépêche trois de ses chevaliers les plus vertueux pour offrir à nos trois cités la destinée qu'elles méritent. Ils ne seront pas plus éternels que les enfants de feu notre vieux Duc. Peste, overdose, empoisonnement... sans parler de complot, admet qu'avec les récents combats menés en à Ternant, Cobie et Derrevin, difficile de ne pas relier ces événements ensemble. Aussi, quand les vertueux tomberont à leur tour d'une mort naturelle ou non, comment s'assurer que leurs remplaçants seront dignes de leurs prédécesseurs, qu'ils n'ont pas été guidés là par d'autres personnes mal intentionnées ? Non Armand, dépêcher ici de nouveaux chevaliers n'est qu'une solution temporaire, et je n'ai pas sauvé ces centaines de personnes pour ne pouvoir leur promettre un bonheur que temporaire, pour leur dire que si leur présent est sauf, leurs enfants finiront sans doutes de nouveau en danger. Ce serait trahir la confiance qu'ils m'ont offert.

Nouvelle gorgée d'eau, avant qu'il ne range sa gourde.

- Nous paierons nos impôts, au duché comme à la Couronne. Nous nous engagerons à ne pas chercher à conquérir plus de terres, à ne pas attaquer nos voisins. Nous nous engagerons à maintenir un commerce saint, et à produire des ressources et des biens à des prix équitables. Nous ne demandons pas une cession de ces terres, seulement un emprunt ; et nous nous engageons à les rendre lorsque le Duc Armand aura chassé le mal qui ronge son duché, qu'il aura fait cesser ces vendettas meurtrières entre familles assassines. Comme je te l'ai dit, les herrimaults ont d'ores et déjà une liste de noms sur lesquels une enquête doit être menée, que je pourrais te transmettre. Et bien entendu, nous demandons la protection du Duc contre les Maisne qui convoitent les terres de leurs anciens opposants.

Alors que le bruit des lames s'entrechoquant dans les baraquements se turent, d'autres sons au loin se firent entendre, qu'Armand identifia comme des échos de conversations. Il pouvait apercevoir la lueur de torches et de lampes qui s'approchaient : le crépuscule était peu à peu tombé au fur et à mesure de leur conversation et apparemment, la messe s'était terminée, permettant à chacun de désormais rentrer chez soi.

Face à Armand, Carlomax fit un geste d'ouverture avec son bras devant lui, désignant tout le village.

- Si le Duc n'a rien su de ce qui s'est déroulé ici, alors il est de ton devoir de rétablir la vérité Armand. Tu as été au cœur d’événements identiques à ceux que je viens de te dénoncer, et tu as été le germe du bien qui a fleuri au milieu de la corruption. Il t'écoutera. Je te laisse libre de tes mouvements : va parler aux habitants de Derrevin, bois et mange avec eux, dors dans leur ville - tu peux occuper ma chambre d'invités - prends autant de temps qu'il te faut pour vérifier ma sincérité, et comprendre ce qu'ont vécu les gens ici. J'ai besoin de toi pour que cette histoire ne finisse pas en bain de sang, tu comprends ? Et la meilleure arme que je puisse te donner pour aller convaincre le Duc, c'est ta propre sincérité lorsque tu défendras notre cause.

Tu es libre de continuer à échanger avec lui, mais note bien qu'avec la foule qui approche, tu ne pourras pas faire de grand discours sans être interrompu par les gens qui rentrent chez eux et passeront par la rue où vous êtes - à toi de voir si ça te dérange pour parler. Sinon, si tu n'es pas synthétique dans ta réponse, tu peux soit attendre que tout le monde soit chez rentré pour être tranquille et laisser un silence relou s'installer en attendant, soit suivre Carlomax qui te proposera alors d'aller dans sa demeure (4 sur carte, seul bâtiment partiellement construit en pierre + bois, grande porte, rdc = grande salle commune qui doit servir pour rassembler tout le village lors des annonces à faire, et à l'étage diverses pièces un peu huppées - salon, salle de bains, trois chambres, un bureau, etc. Je te laisse décrire si besoin, note qu'il y a un garde à l'entrée, et aussi une porte solidement verrouillée (serrure + chaîne avec gros cadenas) au rdc.). Sinon, tu es libre d'aller où tu veux en ville même si, crépuscule oblige, les magasins sont tous fermés sauf taverne.
Jet de CHA d'Armand : 7, réussi de 3
Jet de CHA de Carlomax : 8, réussi de 3
==> Aussi convaincants l'un que l'autre, fabuleux :D

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

De deux choses, l’une.
Ou bien Carlomax est un abruti naïf qui ne se rend même pas compte qu’il va amener tous les paysans révoltés et insurgés de ce morceau d’Aquitanie dans les bras de Morr suite à un massacre infâme, dont le seul résultat sera des déportations de masse et des serfs ramenés sur leurs domaines à coups de verges et de fouets...
Ou bien il est l’étincelle qui peut encore sauver notre pays.

Il me convainc. Pas sur toute la ligne, il a quand même une conception du pouvoir qui semble assez naïve, comme lorsqu’il prétend qu’il ne souhaite que emprunter les terres arrachées, mais je ne crois pas trouver en Carlomax de la candeur. Si c’était le cas, il n’aurait pas des hommes armés en train de s’entraîner pas loin de nous. La situation est très claire : Ou bien Son Altesse accepte son offre, ou bien ça se réglera dans le sang et les larmes.

Il faut avouer que le culte de Shallya tire bien son épingle du jeu dans cette affaire. Et pourquoi pas, a priori ? Le culte de Shallya est très important en Bretonnie, ses prêtresses ont une grande position sociale dans notre pays, elles servent souvent à apaiser et adoucir ce lien complexe entre les roturiers et les aristocrates, qui vivent des vies si différentes, et qui partagent des rapports souvent marqués par l’incompréhension et la méfiance. Elles soignent tant les chevaliers que les laboureurs qui ont de l’arthrose à force de travailler durement aux champs, et peuvent porter des pétitions à un seigneur qui ne croirait jamais les souffrances de ses manants autrement. Le Trône lui-même parraine et protège cette religion, leur Saint-Siège est à Couronne, la même ville que Sa Majesté. Autant une ville-franche paysanne, une commune roturière passerait pour un furoncle à percer aux yeux de toute la noblesse du pays, autant un État Libre de Shallya, un grand temple qui aurait la propriété et la seigneurie foncière du coin, ça je pense que ça ferait mieux passer la pommade. Je pense !
Comme quoi. Alys aura bien fait de pousser les gueux à assassiner sieur Binet, n’est-ce pas ? J’avais très envie de poser une question toute bête à Ophélie : Qu’est-ce qu’elle pensait de ça ? De la description que m’en a fait Carl, elle tenait beaucoup à ses parents, elle a prié pour leur âme. Elle ne me semblait ni hostile, ni méfiante, ni pleine de rancœur devant la grande-prêtresse. Avait-elle accepté si facilement le meurtre – Car il faut bien parler de meurtre, quand bien même il est légitime – de son paternel ?

Au milieu du discours de Carl, en tout cas, je portais ma main à mon col de chemise. Et j’en détachais soigneusement l’insigne en argent de mon comté. Dans le creux de ma main, je le contemplais. Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre halissante de gueules, si on reprend le langage très codifié de l’héraldique ; Pour vous, ça veut juste dire c’est bleu et jaune ça a du rouge autour et dessus on voit un serpent qui bouffe quelqu’un. L’armoirie de ma famille. Ma famille.
Il est étrange ce mot. C’est quoi pour vous, une famille ? On m’a menti sur énormément de choses. Tout s’est écroulé autour de moi. Mais dois-je pour autant en conclure que mes ancêtres, ma famille, a toujours été laide et dévoyée ? Mon père était un monstre. De ce que l’on m’a raconté, mon grand-père, que je n’ai jamais connu, valait pas grand-chose de plus que lui. Mais jusqu’à où doit-on remonter, pour trouver un « de Lyrie » qui ait été un valeureux chevalier ? En Bretonnie, la famille est essentielle, le sang fait tout, elle décidera de votre avenir sempiternel, et seule une minorité de personnes parviennent à s’élever et à quitter le rang qui leur échue. C’est là toute l’ironie de ma situation. Est-ce qu’aider Carlomax, un gueux insurgé, c’est bafouer mes ancêtres, leur cracher dessus ? Ou est-ce au contraire accomplir leur volonté ?
Il doit bien y avoir eu un ancêtre lointain qui était preux. Au moins un. Un seul. Ai-je une dette envers lui ?

Je suis libre. Je suis un homme libre. Pauvre, sans ressources, sans soutiens, mais libre comme l’air. Bien peu de gens dans ce pays peuvent oser se vanter de ce statut. Le serf reste attaché à sa terre. L’artisan à sa guilde. Le fils à son père, la femme à son mari. Je peux aller où je le souhaite, et faire ce que je souhaite de ma destinée. Si je le voulais, je pourrais me transformer en ermite éloigné de la société. Ou bien je pourrais laisser tomber le médaillon que je tiens dans ma main au sol, le recouvrir d’une pelleté de terre en ramenant mon talon vers moi, et aller épouser une paysanne pour que le monde oublie mon souvenir et mon nom et que je vive une vie simple éloignée de tous les complots et les monstruosités qui règnent en Aquitanie. Et pourtant, cette liberté me terrifie. Elle me révulse. Je semble incapable de la poursuivre : Parce que je suis lié à ce pays, par mes ancêtres. J’ai un devoir envers ces hommes que je n’ai jamais connu, une nostalgie d’un temps où je n’ai pas vécu. Ce n’est pas une bonne chose : c’est un attachement néfaste, et je sais que j’en payerai le prix.
Mais j’ai pas le choix. Rien dans ce monde n’arrive par hasard, même les jets de dès de Ranald. On m’observe. Les Dieux m’observent. Et la Dame Reine parmi eux.

« Je n’ai nul besoin d’aller communiquer avec d’autres, Carlomax. Je crois en ta sincérité. Et même si je refusais d’y croire, même si je gardais un cynisme certain en moi, ça n’aurait aucune importance. »


Des gens sont en train de quitter le Temple de Shallya. La messe est dite. J’agite lentement la tête tandis que j’accroche de nouveau mon médaillon au niveau de mon cou.
Comme si c’était mon collier d’esclave.

« Je serai ton émissaire. J’irai présenter ta pétition auprès de Son Altesse, et je ferai tout ce qui est possible pour qu’il accepte. Ne serais-ce que pour éviter un bain de sang. Pour éviter des morts auprès des paysans et des bonnes gens d’ici… Et aussi d’en éviter parmi la chevalerie d’Aquitanie. Elle a beau être dirigée par des monstres, je sais qu’il reste encore des purs et des cœurs légers sur les lices de tournoi, je n’aimerais pas qu’ils meurent face à tes hommes pour le bénéfice égoïste de chiens comme les Maisne. »

Je ferme mon poing, et le pose contre mon cœur.

« J’ignore si ça a la moindre importance pour toi. Mais j’en fais le serment, sur mon honneur et envers la Dame du Lac : Je porterai ta parole justement et avec bonne raison. »

Il me propose de le suivre. Me dit qu’il a un lit où dormir. Je lui indique poliment que je viendrai le rejoindre plus tard, et lui signifie que je souhaite aller remercier Shallya pour ma convalescence. La réponse a l’air de le satisfaire, mais il a une gueule tellement impassible que je suis incapable de savoir dans quelle mesure. Il a vraiment pas froid aux yeux, il suinte de charisme, c’est assez saisissant.
Dommage qu’il soit né roturier. Il aurait pu convaincre Armand d’Aquitanie tout seul.

Du coup je rebrousse chemin. Et c’est pas trop tôt. À peine j’ai terminé ma discussion, qu’on s’est retrouvé embourbés au milieu du monde. Y a une foule. Comme c’est une bourgade et que les rues sont étroites, le monde est d’autant plus saisissant : ça se voit que Derrevin a attiré des migrants, et que la ville n’est pas prévue pour attirer autant de monde. Combien ils sont, merde ? Dur de faire un recensement. D’autant plus dur que je n’ai pas la tête à ça et que je me contente d’avancer à travers eux sans véritablement leur prêter la moindre attention. Les gens m’ignorent en beauté en retour. Ils n’ont cure de moi. Enfin, c’est ce que je croyais. Je note, un instant, une dame sévère murmurer quelque chose qui bourdonne dans mon oreille gauche. Je pivote la tête comme une chouette et je la vois discuter à voix basse avec quelqu’un en me regardant. Quand elle croise mon regard, elle se dépêche d’aller voir ailleurs, mais ça fait qu’inspirer un peu plus le malaise.
Ou bien je suis en train de vriller paranoïaque, ou bien j’attire l’attention. Y a des gens qui me regardent. J’ai l’impression que c’est tout le monde, absolument tous les manants de cette commune qui tournent leurs mirettes vers moi. Je rationalise la chose : Bien sûr que je délire, bien sûr qu’ils n’en ont rien à foutre de moi. Et pourtant !
Pourtant je croise le regard de types pas commodes qui froncent les sourcils et grognent sur le bas côté en me suivant du regard. Ils ont un physique solide mais disgracieux, avec de grosses épaules et du ventre : Ils ont un physique de bosseurs, de pêcheurs, le genre à pouvoir me sonner avec une bonne beigne. Je psychote. Je me dis qu’ils complote contre moi. Je retrousse mes lèvres et leur fait une mauvaise grimace en guise de défi. Que je ne baisse pas les yeux semble les surprendre : Ils écarquillent leurs yeux, font les étonnés, puis continuent leur route vers je-ne-sais-où.

C’est bien, cassez-vous sales rustres… Bordel, j’ai beau avoir un bon sentiment envers Carlomax, j’ai toujours mes sales réflexes de noble qui restent tapis dans l’ombre. Je me sens mal à l’aise au milieu de ces paysans. Ça se voit que je suis pas de leur monde. Ça se voit que je ne suis pas de leur espèce. Il faut dire que je n’ai pas grandis au milieu d’eux. Il y en a, des seigneurs champêtres, des chevaliers dont le château fait la taille d’un moulin et qui n’ont que deux fermes en guise de fief : Ils connaissent les prénoms de tous leurs paysans, les traitent convenablement, les invitent même à manger à sa table. C’était pas le cas en Lyrie. C’était pas le cas dans le COMTÉ de Lyrie – On l’a mérité, ce titre honorifique qui nous place au-dessus des simples messeigneurs ! Toute ma vie, on m’a tenu à l’écart des gueux. Peut-être aussi parce que ça aurait fait tâche, que j’assiste à leur martyr. Hey, les vins clairets, les mets fins, et surtout la ribambelle d’artistes originaux qui venaient défiler à la cour du château, vous croyez que ça arrivait comment ? Avec du fric, et le fric a bien toujours une origine. On reproche souvent à la Bretonnie de tondre ses paysans, mais alors mon père les a carrément écorchés.

Douce Shallya nous pardonnes.

D’ailleurs, qu’est-ce que je vais faire au Temple ? Y prier, bien sûr. Honnêtement, sincèrement. Mais pas que. Y a des femmes que j’ai envie de voir, là-haut. Mais lesquelles ?

Margot.

Alys. La grande-prêtresse Alys. Je suis curieux. Méfiant mais très curieux. Très méfiant mais curieux. Elle souhaitait me parler. De quoi ? Pour me juger ? Pour me conseiller ? Elle a tué Binet. Elle va peut-être prendre le contrôle de Derrevin si mes pourparlers avec Son Altesse aboutissent. Disons que ça vaudrait le coup de voir de quel genre de femme il s’agit.
Thécia, aussi. Aussi par curiosité mal placée. On ne me l’a pas présentée, et ça serait franchement mal convenu de traquer une prêtresse de Shallya sans motif. Mais… Elle m’a regardé si bizarrement…
Et Ophélie. Elle a peut-être des reproches à me faire. Peut-être que je pourrais lui parler de… De la… De tout à l’heure. Je peux pas juste cacher ce souvenir, mettre dans un coin ce que j’ai vu, et ce que j’ai ressenti, comme si de rien n’était. Ce serait plus sage que de… Que d’aller voir Margot.

Je sais pas. Alys d’abord, ça serait plus simple, je crois. Trouvons la grande-prêtresse.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 30 juil. 2019, 23:10, modifié 1 fois.
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Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
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**Avec la compétence Parade


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3 Eo

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